Contre Ebola, « une réponse inadéquate et insuffisante »
02 septembre 2014
« Chaque jour, nous devons refuser des malades parce que notre centre est plein, décrit Stefan Liljegren, coordinateur MSF. ©MSF
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est catégorique. La flambée de virus Ebola en République démocratique du Congo (RDC) n’a aucun lien avec l’épidémie qui sévit depuis mars en Afrique de l’Ouest. Cette nouvelle flambée est d’autant plus inquiétante que l’épidémie reste incontrôlée. La présidente de Médecins sans frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme devant l’ONU dans un discours sans fioritures. Le message : la communauté internationale doit se mobiliser !
Le 11 août dernier, une première victime est décédée de fièvre hémorragique Ebola en RDC. Elle avait consommé de la viande de brousse contaminée. La probabilité d’une connexion avec le virus de l’épidémie en Afrique de l’Ouest était donc faible. Les analyses effectuées par le Centre international de Recherches médicales à Franceville au Gabon viennent de le confirmer. « Le virus découvert dans le district Boende (RDC) n’est définitivement pas dérivé de celui circulant actuellement en Afrique de l’Ouest », affirment ses responsables.
Le district Boende est une zone très reculée située dans le Nord-Ouest du pays, à 1 200 km de la capitale, Kinshasa. Pour autant, le virus causant cette nouvelle flambée se propage d’homme à homme. Selon les derniers chiffres collectés par l’OMS, elle aurait déjà fait 31 morts. En tout, 53 cas suspects ou confirmés et plus de 160 personnes ayant été en contact avec un malade ont été rapportés.
Cette flambée est la 7e depuis 1976 dans ce pays. En effet, le virus y a été découvert pour la première fois à cette date. En 1995, une autre épidémie, dont le virus actuel semble proche, a également eu lieu.
« Une coalition de l’inaction »
En parallèle, la situation en Afrique de l’Ouest ne semble pas s’améliorer. Ce mardi, dans un discours prononcé devant les Etats membres de l’ONU, la présidente internationale de Médecins sans frontières (MSF), le Dr Joanne Liu a dénoncé « le manque de ressources internationales qui laisse les ministères de la Santé et les ONG seuls face à une épidémie d’une ampleur sans précédent ». Malgré les appels de l’organisation à une mobilisation d’envergure sur le terrain, la réponse internationale demeure « inadéquate et insuffisante ».
« Six mois après son début, le monde est en train de perdre la bataille contre la pire épidémie d’Ebola de l’histoire », explique le Dr Liu. Les dirigeants mondiaux n’arrivent pas à faire face à cette menace transnationale. Le 8 août, l’OMS a déclaré que cette épidémie représente une ‘urgence de santé publique de portée mondiale’, mais ceci n’a pas donné lieu à une réponse significative. De fait, les Etats ont rallié une sorte de coalition mondiale de l’inaction ». Selon elle, « de nombreux pays disposent de mécanismes de réponse face à un risque biologique, et notamment d’équipes médicales civiles ou militaires qu’il serait possible de déployer en quelques jours, de manière organisée, et avec une chaîne de commandement capable d’assurer des normes élevées de sécurité et d’efficacité ».
A Monrovia, au Libéria, les structures d’isolement doivent refuser des malades. En Sierra Leone, « les cadavres, hautement infectieux, pourrissent dans les rues ». Au lieu de limiter leur réponse à la gestion de l’éventuelle arrivée d’un malade dans leur pays, ces pays devraient saisir l’occasion d’intervenir là où c’est nécessaire : en Afrique de l’Ouest. L’horloge tourne et le virus Ebola est en train de gagner », conclut le Dr Liu. Le temps des réunions et de la planification est fini. Il est maintenant temps d’agir. Chaque jour d’inaction entraîne plus de décès et le lent effondrement des pays touchés ».
Un test de dépistage… japonais
Pour faire face à l’épidémie en Afrique de l’Ouest, de nombreux chercheurs travaillent à la mise au point de traitements. Parmi eux, des scientifiques japonais ont indiqué ce mardi avoir développé une nouvelle méthode de détection du virus. Leur technologie pourrait permettre de diagnostiquer rapidement l’infection même dans des pays où les équipements font défaut. Ce procédé ne nécessite qu’un simple équipement de chauffe, alimenté par une batterie, et ne coûte que quelques centaines de dollars. Actuellement, la méthode utilisée exige du matériel spécifique, environ deux heures et représente un coût élevé.
Pour tout savoir sur la situation de l’épidémie d’Ebola, lisez notre dossier complet.
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Source : OMS, 2 septembre 2014 – MSF, 2 septembre 2014
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet