Faut-il ou non traiter la ménopause ? Des médecins en campagne contre le consensus
19 février 2003
L’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS) vient de publier une « mise au point sur le Traitement hormonal substitutif de la ménopause » (THS). Il se trouve même sur son site un document destiné aux femmes elles-mêmes.
Sous le titre « Vous et votre traitement hormonal substitutif de la ménopause » vous y trouverez toutes les réponses à vos questions… à condition de fréquenter internet et de savoir y trouver votre chemin. Si c’est le cas, rendez-vous sur le site de l’agence à http://www.afssaps.sante.fr et dans la case de recherche, tapez les lettres « THS » et la touche OK.
Les nouvelles recommandations sont claires. Chez la femme qui n’a pas de troubles fonctionnels et sans facteur de risque d’ostéoporose, le THS doit être décidé au cas par cas et non prescrit systématiquement. En cas de risque, un traitement peut être administré aussi précocement que possible, pendant environ 5 ans. Au-delà, l’agence ne s’engage pas « compte tenu du risque d’effets indésirables (cancer du sein) ». Elle souligne également qu’il existe d’autres traitements susceptibles de prévenir l’ostéoporose, les bi-phosphonates et le raloxifène. Enfin chez la femme qui a des troubles liés à la ménopause, « un THS peut être instauré si la patiente le souhaite, à la dose minimale efficace tant que durent les symptômes. Dans cette indication, le bénéfice/risque du THS reste favorable à court terme, moins de 5 ans. » Des avis qui s’inscrivent dans la ligne de ceux rendus par l’OMS à l’automne dernier.
Pour protéger le cœur, statines ou aspirine
En attendant des résultats intangibles, l’OMS, qui est l’agence de l’ONU chargée de la normalisation en santé publique, rappelle en effet qu’il ne manque pas de moyens bien maîtrisés « et peu onéreux, (qui) ont fait leurs preuves pour la prévention de l’ostéoporose, des maladies cardiaques et des cancers : l’arrêt du tabagisme, une activité physique régulière, une consommation modérée d’alcool et une alimentation équilibrée. » Elle insiste également sur l’importance du dépistage et du traitement de l’hypertension et de l’excès de cholestérol. Toutes les mesures précédentes « s’appliquent aussi aux femmes qui ont souffert d’une attaque cardiaque ou cérébrale. En outre, elles doivent consulter pour savoir si elles doivent prendre de l’aspirine ou une statine. Ces médicaments ont montré qu’ils réduisaient le risque de récidive des accidents cardiaques. »
Les attitudes adoptées par l’OMS puis l’AFSSaPS ne font pas que des heureux… Des médecins regroupés dans l’Association française pour l’étude de la Ménopause (AFEM) s’élèvent contre l’avis de l’AFSSaPS. Ils estiment que celui-ci « ne reflète ni (leur) opinion ni la nature des débats et discussions qui se sont déroulés lors d’une réunion multidisciplinaire en octobre 2002. » Pas démontés pour autant, ils « invitent les médecins prescripteurs à consulter les recommandations émises par l’AFEM, plus conformes et plus adaptées à la situation actuelle. »
L’AFSSaPS s’est déclarée « étonnée » de cette réaction. Quant au Conseil de l’Ordre des Médecins, il a choisi… de ne pas avoir d’avis sur ces praticiens qui contestent les recommandations de deux agences de normalisation internationalement reconnues. Les femmes risquent d’avoir bien du mal à se forger une opinion en toute confiance…