FIV : l’hygiène de vie, facteur de chance
16 avril 2018
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Pour un couple, se lancer dans un parcours FIV n’est pas de tout repos. Entre les multiples rendez-vous avant le Jour J et la stimulation hormonale, les journées sont denses. Et sur la To do list, nous trouvons aussi l’hygiène de vie à tenir, notamment concernant l’arrêt du tabac et de alcool.
Grâce à l’assistance médicale à la procréation, la technique aide les couples confrontés à l’infertilité à devenir parents. Bien sûr, personne n’a toutes les clés en mains pour influer sur la formation d’un embryon in vitro. La science et ses mystères laissent toujours une part d’imprévu. Mais il existe un lien entre l’hygiène de vie de la femme et de l’homme et les chances de tomber enceinte.
Le tabac. « Chez l’homme, l’obtention d’un effet sur les paramètres du sperme après l’arrêt du tabac est relativement rapide, de 4 à 6 mois », explique le Dr Nathalie Sermondade, médecin biologiste de la Reproduction à l’hôpital Tenon (Paris). « Chez la femme, on ne sait pas encore définir ce délai de précaution car on ne dispose pas des marqueurs masculins nécessaires pour comparer les chances de fécondité, avant et après l’arrêt du tabac. En effet, on n’a pas accès aux ovocytes avant la FIV elle-même. »
Ainsi, « à ce jour, aucune donnée ne prouve l’efficacité de l’arrêt du tabac sur l’efficacité de la FIV. En revanche, ce qui est démontré c’est que les femmes fumeuses sont moins facilement enceintes que les non-fumeuses. Le tabac diminue la réserve ovarienne, d’ailleurs les fumeuses sont ménopausées plus tôt que les non fumeuses. L’impact se repère dans le cas de conception naturelle, mais encore plus en cas de FIV ».
L’alcool. L’alcool impacte l’homme et la femme. « Il est assez logique d’arrêter de boire de l’alcool un peu avant le projet de grossesse étant donné la forte toxicité pour le fœtus* si la maman continue de consommer pendant sa grossesse. »
« Les études de grande envergure et bien faites au niveau méthodologique menées à ce jour prouvent que la consommation d’alcool est associée à une baisse de la fertilité, chez la femme et chez l’homme. » Le détail des doses à risque n’est en revanche pas connu. « On sait que la consommation excessive nuit aux chances de fécondation. Mais l’impact des usages modérés est encore mal connu. » Reste que « chez l’Homme, il existe des données assez solides sur les effets néfastes de l’alcool dans le mois qui précède une FIV, y compris pour les faibles consommations ».
Impliquer le couple, pas le juger
« Il ne faut pas avoir un discours moralisateur ni culpabilisateur », relève le Dr Sermondade. Mais par précaution, « on fait des questionnaires pour évaluer la consommation des couples et on leur conseille de limiter leur usage d’alcool ».
Parmi tous les autres facteurs de risque (l’alimentation déséquilibrée, le manque de sport…) « on leur explique que l’alcool ne va pas les aider pour la fécondation. Et qu’ils ont la main, que contrairement à certains paramètres physiologiques, ils peuvent faire quelque chose contre ce facteur de risque. Il faut les motiver, les replacer au centre de la prise en charge. En les rendant acteurs, on augmente leur adhérence à la prise en charge ». Une implication bienvenue au sein d’un parcours long et prenant**.
*Syndrome d’alcoolisation fœtale
**Les taux d’accouchement par tentative d’AMP sont de 20% (Agence de la Biomédecine, 2015)