Inceste : une peine à vie

10 mai 2010

L’Association internationale des Victimes d’Inceste (AIVI) vient de publier une étude sur l’inceste en France. Selon l’institut Ipsos, les victimes de ce type de crime sont condamnées à souffrir de pathologies multiples, et dans des proportions bien plus importantes que le reste de la population.

Il aura fallu attendre le 8 février 2010 pour que l’inceste soit inscrit au code pénal. Auparavant, il était considéré comme une circonstance aggravante des viols et autres agressions sexuelles mais n’était pas singularisé. Alors qu’un rapport doit être remis au gouvernement avant le 30 juin- pour proposer une meilleure prise en charge des victimes d’infractions sexuelles, l’AIVI dresse un état des lieux de la situation des victimes.

Selon l’Association, 2 millions de Français auraient été ou seraient victimes d’inceste. Dans 80% des cas, il s’agit de femmes. Et dans 98% des cas, le crime est le fait d’un homme…

Une souffrance permanente Comparant l’état de santé de 341 victimes reconnues d’inceste avec celui d’un échantillon national de 946 personnes âgées de plus de 18 ans, l’AIVI démontre qu’à l’âge adulte, ces victimes présentent un risque démultiplié de pathologies variées : la quasi-totalité souffre de dépression. Et plus de 80% sont affectées de douleurs chroniques. Sans surprise, les cas d’addictions sont nombreux : tabac, alcool, drogues… Ces victimes rapportent également des comportements à risque, 41% avouent s’être automutilées et 86% avoir régulièrement des pulsions suicidaires. Dans 8 cas sur 10, des troubles alimentaires sont aussi constatés : boulimie et/ou anorexie.

Au quotidien, la souffrance liée à l’agression est permanente. Plus grave encore, 4 fois sur 10 les victimes se sentent responsables des violences subies. Le simple fait d’avoir une vie sexuelle ‘normale’ ou de travailler devient alors insupportable.

Un tabou tenace. L’étude montre qu’en moyenne, la révélation de l’agression survient… 16 ans après les faits. Parler c’est accuser un père, un grand-père, un frère, un oncle… Les révélations se font alors en dehors du cercle familial (ami, conjoint, médecin…). Mais le processus est lent et difficile. D’autant que les interlocuteurs n’offrent pas toujours une oreille bienveillante. La majorité des victimes déclare que leur « confident » n’en a plus jamais reparlé. Plus alarmant encore, une personne sur cinq avoue que son interlocuteur lui a conseillé de garder le silence. Et pourquoi 30% des victimes seulement, vont-elles porter plainte ? Faut-il y voir une pression familiale ? Les choses bougent, heureusement. De nombreux sites et associations sont à l’écoute des victimes. Des groupes de parole existent. Quelques adresses sont disponibles sur le site de l’AIVI.

  • Source : AIVI, 10 mai 2010 ; Enquête IPSOS menée du 26 février au 25 mars 2010 auprès de 341 victimes d’inceste, et les 12 et 13 mars auprès d’un échantillon de 946 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus.

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