IVG : miser sur la prévention
02 février 2010
Et voilà encore un French paradox ! La natalité en France est forte, et la diffusion de la contraception massive. Pourtant, le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) reste élevé. Un rapport, remis aujourd’hui à la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot-Narquin, avance quelques explications. Il propose des solutions et la ministre aujourd’hui, annonce déjà des mesures…
Deux cent mille IVG par an. Autant dire que cette intervention ne saurait être considérée comme l’exclusivité d’une population « à risque » : 40% des femmes y auront recours une fois au moins dans leur vie.
Plusieurs explications à ces chiffres. D’abord, si le nombre de grossesses accidentelles a fortement diminué depuis 1975, la propension à les interrompre est aujourd’hui beaucoup plus marquée. Ensuite, la pilule reste le moyen de contraception privilégié. Pourtant, bien des femmes la vivent comme une contrainte et l’observance, naturellement, s’en ressent. Le recours à la contraception d’urgence en cas de rapport non protégé ou en cas d’accident – rupture de préservatif par exemple – est encore trop faible. Des idées reçues (sur la période féconde par exemple) encore très répandues expliquent partiellement cet état de choses. Et si la contraception d’urgence – comme l’IVG d’ailleurs – sont accessibles gratuitement, ce n’est pas le cas de la contraception régulière. Aujourd’hui encore en effet, pour toute consultation et délivrance de contraceptif, les jeunes filles de moins de 16 ans ont besoin de la Carte Vitale… de leurs parents. Sauf dans les centres de planification familiale, qui ne sont pas accessibles sur tout le territoire.
Que faire ? « Les obligations légales concernant l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires ne sont que partiellement et inégalement appliquées » soulignent les auteurs du rapport. Elles doivent être développées plus largement. Un accès gratuit et confidentiel des jeunes à la prescription et à la délivrance des contraceptifs pourrait être assuré, s’inspirant par exemple de la contraception d’urgence. Les contraceptifs doivent aussi être plus abordables financièrement, pour toutes les femmes. Une avancée à signaler à ce sujet : une nouvelle pilule de troisième génération, minidosée en estrogènes, est désormais remboursée. La couverture contraceptive pourrait aussi être diversifiée et mieux adaptée aux contraintes des femmes, quels que soient leur âge et leur activité : dispositif intra-utérin, patch, anneau vaginal, implant sous-cutané…
Et l’IVG ? En 2001, la loi avait repoussé le délai légal de 12 à 14 semaines. Le nombre d’IVG dans ces deux dernières semaines reste très limité, mais cette décision a permis de dénouer des situations difficiles. De même, d’ailleurs, que l’assouplissement du régime d’autorisation parental. Si l’accès à l’IVG est relativement aisé, des inquiétudes pointent. Il existe des goulots d’étranglement dans les grandes métropoles ; l’IVG médicamenteuse en ville reste marginale ; les femmes ont trop rarement le choix de la méthode, médicamenteuse ou chirurgicale ; enfin le nombre d’établissements pratiquant des IVG est en baisse. Raison de plus pour prévenir…
A peine remis, le rapport a semble-t-il éveillé l’intérêt des pouvoirs publics. Ainsi Roselyne Bachelot-Narquin a-t-elle annoncé le même jour, plusieurs mesures tendant à faciliter l’accès à la contraception comme à l’IVG. Le réseau des centres de planification et d’éducation familiale sera renforcé sur tout le territoire. Et dans les zones qui en sont dépourvues, l’accès gratuit et anonyme à la contraception sera malgré tout garanti.