Jeûnes thérapeutiques : attention aux dérives sectaires
16 janvier 2023
Un homme de 58 ans se présentant comme naturopathe a été mis en examen pour homicide involontaire, abus de faiblesse, mise en danger de la vie d’autrui et exercice illégal des professions de médecin et pharmacien suite à la mort d’une de ses « patientes ». Il leur avait vendu des stages basés sur le principe du jeûne.
Les faits se sont déroulés de juillet 2020 à janvier 2023. Les stages proposés par Eric G, un naturopathe autoproclamé de Tours consistaient à ne pas absorber d’aliments solides durant une à plusieurs semaines contre plusieurs centaines, voire milliers d’euros. Aucun suivi médical n’était assuré ni prévu. Or une femme de 44 ans a trouvé la mort, en août 2021 dans le cadre d’un de ces stages. Le naturopathe a été écroué.
Ce nouveau fait divers rappelle que face à ce type de thérapies alternatives menées par de « nouveaux gourous », il convient de faire preuve d’une « grande vigilance », a estimé Sonia Backès, secrétaire d’État à la citoyenneté, vendredi 13 janvier 2023.
Aucune donnée clinique en faveur
« Le jeûne est une pratique ancienne, qui trouve actuellement un regain d’intérêt dans des contextes très variables : du rituel religieux à la pratique médicalisée en passant par le simple choix de vie », décrit l’Inserm. Ce terme englobe plusieurs types de pratique allant du jeûne complet (seule l’eau est permise) au jeûne continu ou intermittent, en passant par le jeûne partiel (apport calorique très modeste, autour de 300 kcal/jour).
« En France, contrairement à d’autres pays d’Europe, le jeûne à visée préventive ou thérapeutique n’est pas à ce jour proposé dans un cadre médicalisé », précise l’Inserm. Car certes « jeûner induit des modifications métaboliques qui pourraient être utilisées à bon escient dans diverses situations pathologiques », reconnait l’institut. Mais « aucune donnée clinique reposant sur des essais méthodologiques rigoureux ne peut étayer aujourd’hui le bien-fondé de cette piste, qui reste donc pour l’instant essentiellement théorique. »
Malgré cela, « la quête de la pureté ou du bien-être, récurrente dans la mouvance sectaire, est souvent utilisée comme moyen d’attirer de nouveaux adeptes », décrit la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
Perte de chance
Ces pratiques dans un contexte d’alimentation déséquilibrée voire carencée sont délétères. Dans des contextes d’emprise mentale, elles ont déjà conduit « au suicide ou à une mort prématurée d’adeptes atteints de pathologies engageant le pronostic vital, par refus de protocoles thérapeutiques éprouvés », poursuit la Miviludes.
Mieux vaut donc se méfier. Si vous pensez être victime d’une telle pratique, consultez votre médecin traitant sans tarder. D’autant plus si vous souffrez d’une pathologie car « le retard à l’instauration d’un traitement de médecine conventionnelle peut entraîner une perte de chance de guérison ou d’amélioration d’une pathologie grave », recommande le ministère de la Santé.
A noter : le ministre de l’Intérieur organisera au printemps les premières assises des dérives sectaires.