L’orthorexie, ou… la pureté diététique à son extrême !
28 avril 2003
Comme l’anorexie et la boulimie, l’orthorexie est un trouble du comportement alimentaire. Mais à la différence des deux précédentes, le trouble ne porte pas sur la quantité de nourriture mais sur sa qualité. Au point d’envahir le quotidien.
Etymologiquement, le mot « orthorexie » signifie « manger droit ». Le Dr Bernard Waysfeld, psychiatre et nutritionniste, est l’un des rares en France à s’être penché sur ce trouble, forgé dans les années 70 par l’Américain Steven Bratman.
L’orthorexie est caractérisée par un « désir extrême de consommer une nourriture saine », explique Bernard Waysfeld. « L’orthorexie n’est pas une maladie, mais elle peut le devenir. C’est un comportement privilégiant la pureté diététique et l’obsession des régimes. Elle devient dangereuse quand elle retentit sur la vie quotidienne. »
En 1997, le Dr Bratman décrivait l’orthorexie à partir de sa propre expérience. « J’étais devenu si snob que je dédaignais tout légume qui avait été récolté depuis plus de 15 minutes. J’étais devenu un vrai végétarien, je mâchais chaque bouchée 50 fois, mangeais toujours dans un endroit tranquille et laissais mon estomac partiellement vide à la fin de chaque repas. » Le pauvre Bratman mettra plus de deux ans à se défaire de ce trouble alimentaire caractérisé, comme la boulimie ou l’anorexie, par des phases d’obsession ou d’isolement des autres.
« D’une certaine manière, le recours au bio favorise également une tendance à l’orthorexie » poursuit Bernard Waysfeld. « On peut également dire que toutes les personnes qui sont au régime sont peu ou prou orthorexiques. Elles se restreignent et sont aussi obnubilées par cette idée de manger sain. Alors il faut leur répéter que les aliments n’ont jamais été aussi sûrs qu’aujourd’hui, et que rien ne vaut la diversité alimentaire ».