La Covid-19 fragilise les campagnes de vaccination infantile

27 avril 2021

Rougeole, fièvre jaunes, diphtérie… L’épidémie actuelle de Covid-19 perturbe les campagnes de vaccination, notamment celles destinées aux plus jeunes. Face à cette réalité très lourde de conséquences sur la santé, l’OMS, l’Unicef et l’Alliance Gavi proposent une nouvelle stratégie, à l’occasion de Semaine mondiale de la vaccination organisée du 24 au 30 avril.

« Les vaccins nous aideront à mettre fin à la pandémie de Covid-19, mais seulement si nous garantissons un accès équitable à tous les pays et si nous mettons en place des systèmes solides pour les administrer », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, concernant la lutte contre le SARS- CoV-2.

Mais quelles séquelles laisse cette épidémie de 2020 sur la lutte contre les maladies infantiles ? La question se pose à l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination organisée du 24 au 30 avril. La réponse ? Une nette perte de chance des enfants et des adolescents privés de vaccins contre la rougeole, la rubéole, la fièvre jaune, la poliomyélite ou la diphtérie notamment.

Avant même le début de la pandémie, la couverture vaccinale contre ces maladies infantiles évitables étaient insuffisante. Avant mars 2020, « 20 millions d’enfants n’avaient déjà pas reçu de vaccinations essentielles », souligne Henrietta Fore, directrice générale d’UNICEF. « La pandémie n’a fait qu’aggraver une situation déjà mauvaise. »

Flambées de rougeole

« Si nous voulons éviter de multiples flambées de ces maladies potentiellement mortelles, nous devons veiller à ce que les services de vaccination systématique soient protégés dans tous les pays du monde ». Or aujourd’hui, 37 % des pays « déclarent encore subir des perturbations de leurs services de vaccination de routine », par manque de ressources matérielles, humaines et logistiques pour acheminer, stocker et distribuer les vaccins. A ce jour, de nombreuses campagnes d’immunisation sont empêchées. Un fléau qui expose 228 millions de personnes dont une majorité d’enfants à de graves maladies infectieuses. La plupart d’entre eux résident dans un pays d’Afrique.

La rougeole, une maladie extrêmement contagieuse, est en particulièrement concernée. « Les campagnes contre la rougeole représentent 23 des campagnes reportées, touchant environ 140 millions de personnes. Nombre d’entre elles ont été reportées depuis plus d’un an », détaille l’OMS. « De graves flambées ont récemment été signalées dans des pays tels que la République démocratique du Congo, le Pakistan et le Yémen. » Et ces pays pourraient bien ne pas être seuls impactés tant la situation est alarmante.

Prioriser la vaccination de routine

« Maintenant que les vaccins sont au premier plan dans l’esprit de tous [en lien avec la Covid-19], nous devons maintenir cette énergie pour aider chaque enfant à rattraper son retard en matière de vaccins. » L’objectif : faire de la vaccination de routine une priorité dans la population infantile. Comment ? Via le Programme de vaccination 2030 lancé ce 26 avril par l’OMS, l’UNICEF, l’alliance Gavi et d’autres partenaires. Ce dernier consiste à :

  • Atteindre « une couverture de 90 % pour les vaccins essentiels administrés pendant l’enfance et l’adolescence » ;
  • Diviser par deux « le nombre d’enfants totalement privés de vaccins» ;
  • Introduire « 500 vaccins nouveaux ou sous-utilisés, comme ceux contre la COVID-19, le rotavirus ou le papillomavirus humain (HPV) ».

S’il se réalise, ce plan permettra « d’éviter environ 50 millions de décès, dont 75 % dans les pays à revenu faible ou moyen inférieur ».

  • Source : Organisation mondiale de la Santé (OMS), UNICEF et Gavi, l'Alliance pour les vaccins, le 26 avril 2021

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils