La dépression vise au cœur
18 février 2016
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Une équipe INSERM vient de mettre en évidence un lien entre état dépressif et facteurs de risque cardiovasculaire. Plus exactement, la dépression favoriserait les pratiques délétères, à savoir la consommation de tabac ou encore la sédentarité.
Malgré une nette diminution depuis deux décennies, l’incidence des maladies cardiovasculaires reste élevée. Ainsi, bien qu’indispensable, l’action contre les facteurs de risques traditionnels – hypercholestérolémie, obésité, tabac, inactivité physique… – ne semble plus suffisante.
« Depuis quelques années a émergé le concept de prévention primordiale, une approche plus en amont qui vise à prévenir l’apparition de ces facteurs de risque » explique Jean-Philippe Empana du Centre de recherche cardiovasculaire de Paris.
Les chercheurs (Unité 970 INSERM/Université Paris-Descartes, Paris-Centre de recherche cardiovasculaire) se sont plus particulièrement intéressés à la dépression. Ou plus exactement à l’hypothèse selon laquelle les personnes présentant des symptômes dépressifs ont du mal à adopter des comportements bénéfiques pour leur santé cardiovasculaire.
Dépression = comportements à risque ?
Ils ont ainsi utilisé les données d’inclusion de l’enquête PPS3 (Paris prospective study III). Au total, 9 417 personnes âgées de 50 à 75 ans ont été suivies. Les chercheurs ont évalué leur santé cardiovasculaire avec une méthode proposée en 2010 par l’American Heart Association. Celle-ci repose sur sept critères : trois indices biologiques (cholestérolémie, glycémie et pression artérielle) et quatre facteurs comportementaux (consommation de tabac, régime alimentaire, activité physique et indice de masse corporelle).
Première constatation : seuls 10% des volontaires ont une santé cardiovasculaire idéale (au moins 5 critères sur 7 au niveau idéal). Les autres se répartissent en 40% présentant un bilan médiocre (0 à 2 critères) et 50% un bilan intermédiaire (3 à 4 critères).
Par ailleurs, environ 10% montraient un niveau élevé de symptômes dépressifs. Confirmant leur hypothèse, les chercheurs ont bel et bien constaté que ces sujets ont 30% de chances en moins que les autres de présenter une santé cardiovasculaire idéale, et que la différence porte essentiellement sur les facteurs de risques « comportementaux » (consommation de tabac, sédentarité…)
Un résultat intéressant puisqu’il est possible de « lutter contre les symptômes dépressifs et donc améliorer la santé cardiovasculaire », concluent les chercheurs.