La guerre du sucre à l’ONU…

15 octobre 2004

Le moins qu’on puisse dire de la relation entre les agences de l’ONU et le lobby sucrier, c’est qu’elles s’inscrivent dans un registre doux-amer… A voir par exemple, le bras de fer qui a opposé la très puissante Sugar Association à l’OMS…

Pour être d’origine nord-américaine, cette association de producteurs ne s’en considère pas moins – à tort ou à raison – comme le porte-parole de fait des sucriers mondiaux. Et lorsqu’il s’est agi pour l’OMS à la demande de ses Etats-Membres, de préparer une stratégie susceptible d’endiguer l’épidémie d’obésité, elle a privilégié l’action au dialogue scientifique.

C’est ainsi qu’en janvier 2004, lorsque l’OMS a soumis à son Conseil exécutif son projet finalisé de stratégie, elle s’est heurtée à l’opposition frontale du gouvernement américain. Et en sous-main, de la Sugar Association. Face à une opposition américano-américaine qui s’est manifestée de façon particulièrement brutale, les rédacteurs du texte ont choisi l’esquive. La stratégie définitive finalement présentée à l’Assemblée mondiale de mai 2004, et qui fut adoptée, se gardait de toute recommandation normative. Ce qui lui vaut aujourd’hui d’être critiquée… par les sucriers. C’est ainsi que le Centre d’études et de Documentation du Sucre (Cedus) estime qu’elle renferme des “remarques d’ordre général (qui) ne s’appuient sur aucun document scientifique démontré.” Voire…

Car la pierre d’achoppement, c’est en fait un rapport conjoint de l’OMS et de la FAO, l’agence de l’ONU spécialisée dans l’alimentation et l’agriculture. Ce document, intitulé Régime alimentaire, Nutrition et Prévention des Maladies chroniques a été rédigé par un groupe d’experts. Connu des initiés par son numéro d’ordre – 916 – il a soulevé l’ire des professionnels et de beaucoup de politiques, essentiellement américains. Contesté dans sa substance même, il reflèterait “l’opinion d’un groupe d’experts cooptés ne représentant pas pleinement l’état de la science.” Il n’en reste pas moins que la nouvelle stratégie laisse encore ce sulfureux rapport transparaître entre ses lignes… sous la forme d’une annotation bibliographique. C’est encore trop semble-t-il.

Le Cedus pour sa part, trouve tout de même une vertu à la stratégie onusienne. C’est “d’appeler clairement les pouvoirs publics nationaux à réunir tous les acteurs dans une dynamique de concertation entre consommateurs, industriels, monde agricole, spécialistes de santé publique et décideurs politiques.” La publication du rapport de l’Afssa va indéniablement dans ce sens. Reste à déterminer les règles du jeu… et à s’assurer que les flingues resteront au vestiaire…

  • Source : OMS-FAO 2003, OMS janvier-mai 2004, Grain de Sucre (Cedus) octobre 2004

Destination Santé
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