La pédiatrie, parent pauvre du médicament

Qu’ils soient injectables, en comprimés, en gélules… une grande part des produits utilisés dans les hôpitaux français ne sont pas adaptés aux enfants ! Déjà connue, cette réalité est confirmée par l’enquête PEDIAD menée dans 14 centres hospitaliers.

Ce n’est d’ailleurs pas propre à la France ! C’est au niveau mondial que la pédiatrie souffre d’un manque de médicaments appropriés. Et pour cause, les essais thérapeutiques ne faisant jamais appel aux enfants. Le manque d’études cliniques menées chez ces derniers se traduit donc, selon les auteurs par “ l’absence d’indications et de posologies pédiatriques dans les Résumés des caractéristiques du produit (RCP)“.

En clair, les professionnels sont obligés de jongler avec les prescriptions, sortant très souvent du cadre de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments qu’ils prescrivent. Broyage des comprimés -les enfants de moins de 6 ans ne pouvant pas les avaler-, administration par une voie différente de celle indiquée dans le RCP… Le personnel infirmier doit continuellement improviser. Mais attention préviennent les auteurs, ces pratiques “ne sont pas évaluées. Elles sont donc sources d’imprécisions et d’erreurs” !

Ils conseillent par exemple de ne jamais administrer un produit -ampoule, flacon injectable…- dont l’emballage serait déjà ouvert. De ne pas conserver la partie non utilisée d’un comprimé sécable, et d’éviter de diviser la poudre contenue dans une gélule. Car il en résulte “une perte inacceptable de principe actif“. Une étude qui met en évidence “la nécessité d’une concertation nationale apte à rationaliser et homogénéiser les stratégies thérapeutiques” en milieu pédiatrique. Et dont la pertinence vient d’être dramatiquement mise en lumière par la mort, la semaine dernière à Lyon, d’un garçon de 12 ans suite à une injection massive de morphine…

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  Source : Académie nationale de pharmacie, octobre 2004