La traque de legionella : longue et incertaine

13 janvier 2004

L’épidémie de légionellose qui touche le Pas-de-Calais est sans précédent. Les recherches pour déterminer les sources d’infection patinent. Selon des spécialistes, ce type d’enquête peut prendre des mois. En attendant la contagion se poursuit et les malades meurent.

D’après la Direction régionale de l’industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE) de la région Nord- Pas-de-Calais, « sur 190 entreprises qui possèdent des tours aéroréfrigérantes dans le département, 23 ont été identifiées comme pouvant présenter un risque de légionelles ». Toutes les entreprises concernées ont subi des contrôles. Résultat, seule une société, Noroxo, a été identifiée comme une des sources de l’épidémie.

Or de nouveaux cas de légionellose sont apparus après le nettoyage de l’entreprise en question. D’autres sources ont été suspectées, sans que la cause ait pu en être identifiée. Ces tours sont donc à nouveau mises en cause. D’ailleurs le gouvernement a lancé un groupe de travail qui recommande aux préfets de recenser toutes les tours présentes dans les villes de plus de 50 000 habitants. Ces équipements sont présents dans les installations de climatisation, mais également dans certains procédés industriels (installations de combustion, sucreries, chimie…). Au même titre que les réseaux d’eau chaude (douches, bains à remous, fontaines décoratives…), les systèmes de refroidissement par voie humide constituent les principales causes de légionelles.

André Rambaud est professeur à la Faculté de pharmacie de Montpellier. Pour lui ces enquêtes ont toutes le même profil. « Ce genre de travail peut durer des mois. Et il est tout fait possible de ne jamais trouver les sources. A Montpellier au mois d’août, une épidémie de légionellose a également frappé la ville. Nous n’avons jamais trouvé l’origine. » Des enquêtes longues donc et aux résultats parfois incertains. « Il est très difficile de maîtriser et de sécuriser tous les réseaux d’eau », nous confie-t-il.

Dans le département industriel du Pas-de-Calais, cette enquête est d’autant plus difficile à mener que les sources potentielles sont extrêmement nombreuses. Par ailleurs le délai entre le prélèvement de bactéries et la détection de legionella peut prendre 11 jours. Des contraintes scientifiques qui pourraient être abaissées par la validation prochaine de nouvelles méthodes.

  • Source : Science, 9 janvier 2004

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