L’Anses alerte : des produits contre le cancer, eux-mêmes cancérogènes

20 juillet 2021

De nombreux professionnels sont potentiellement exposés aux cytostatiques, ces médicaments administrés dans le cadre des chimiothérapies pour soigner les cancers. Mais selon l’Agence de sécurité sanitaire (Anses), en raison de leurs mécanismes d’action, ces produits pourraient présenter des propriétés cancérogènes pour les cellules saines.

« Les principes actifs cytostatiques sont majoritairement utilisés pour traiter les cancers, en médecine humaine comme en médecine vétérinaire », explique l’Anses.  Problème, en raison de leurs mécanismes d’action, les cytostatiques sont susceptibles de présenter des propriétés cancérogènes pour les cellules saines. Vous avez donc compris le paradoxe : ces médicaments qui soignent les patients atteints de cancer peuvent exposer les soignants qui les manipulent à des substances elles-mêmes cancérogènes.

18 produits incriminés

L’Anses alerte donc et demande que 18 principes actifs de médicaments anticancéreux soient reconnus comme cancérogènes au sens du code du travail. Ce qui faciliterait la reconnaissance du caractère professionnel en cas de survenue d’un cancer.

« Aujourd’hui, les médicaments cytostatiques sortent du cadre de classification et d’étiquetage européen. Contrairement aux produits utilisés en milieu industriel, le règlement européen n’impose pas de prévenir l’utilisateur du caractère dangereux des médicaments via un étiquetage spécifique. En proposant d’inscrire les travaux exposant à ces 18 substances dans l’arrêté français, nous contribuons à l’évolution du cadre réglementaire pour une meilleure protection des professionnels exposés », souligne Henri Bastos, directeur scientifique santé-travail à l’Anses.

En parallèle, l’Agence recommande de sensibiliser les professionnels exposés, par une meilleure formation par exemple (techniques de retrait de gants potentiellement contaminés…).

92 000 personnes exposées

Les principes actifs cytostatiques sont utilisés dans les établissements de santé, en milieu hospitalier, en soins médicaux à domicile, hospices, maisons de soins, cliniques vétérinaires… A l’hôpital, ils peuvent également être utilisés dans d’autres services que les unités d’oncologie, comme la rhumatologie, l’immunologie, la dermatologie ou encore la gynécologie. Au total, près de 92 000 salariés sont exposés à ces substances, de la fabrication à la manipulation, en passant par le transport, la gestion des déchets, le nettoyage, etc.

  • Source : Anses

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils