Le Covid-19 à l’origine d’un déclin cognitif
15 septembre 2023
Une équipe française vient de montrer que le Covid-19 possède la capacité de s’attaquer à une population précise de neurones, entraînant un dysfonctionnement neuronal. Celui-ci pourrait avoir des conséquences sur certaines fonctions cognitives.
De nombreuses études ont déjà montré qu’une proportion significative d’hommes ayant contracté le SARS-CoV-2 présentaient des taux de testostérone faibles qui persistent dans le temps. En fait, selon une équipe de recherche de l’Inserm, du CHU et de l’Université de Lille, l’infection pourrait entraîner la mort de certains neurones exprimant une hormone appelée GnRH (Gonadotropin-Releasing Hormone). Ces neurones contrôlent depuis l’hypothalamus tous les processus associés aux fonctions reproductrices : la puberté, la fertilité à l’âge adulte…
Ces mêmes scientifiques avaient déjà montré qu’un dysfonctionnement des neurones à GnRH dans un modèle animal de la trisomie 21, pouvait aussi avoir des conséquences sur les fonctions cognitives. Ils ont donc voulu savoir s’il en était de même avec le Covid-19.
Des résultats « inquiétants »
En s’appuyant sur les dosages hormonaux, testostérone notamment, réalisés trois mois et un an après l’infection chez 47 hommes, les scientifiques ont constaté que le contact avec le virus pouvait altérer les fonctions des neurones à GnRH, entraînant ainsi une chute du taux de testostérone chez certains patients quelques temps après l’épisode infectieux.
Ils ont ensuite observé que les patients qui présentaient des dosages hormonaux anormaux étaient aussi ceux qui déclaraient davantage de troubles de la mémoire ou de l’attention et des difficultés de concentration.
Enfin, pour compléter leurs analyses, les chercheurs ont étudié le cortex de patients décédés des suites du Covid-19. Ils ont identifié la présence du virus au niveau de l’hypothalamus et ont constaté la mort d’une partie de la population de neurones à GnRH.
« Ces résultats peuvent être inquiétants sur plusieurs points au regard du rôle de ces neurones dans la reproduction et de leur implication dans certaines fonctions cognitives », conclut Vincent Prévot, directeur de recherche à l’Inserm, co-dernier auteur de cette étude. « Ils pointent la nécessité d’optimiser et de généraliser le suivi médical des personnes atteintes de symptômes persistants suite à une infection par la Covid-19. »