Le don de sang s’ouvre aux homosexuels

04 novembre 2015

« Fin d’une discrimination et d’un tabou ». C’est par ce tweet que la ministre en charge de la Santé, Marisol Touraine a annoncé ce que de nombreuses associations de défense des droits des homosexuels réclament depuis longtemps : la fin de l’exclusion du don de sang en raison de l’orientation sexuelle. Une mesure qui devrait entrer en vigueur au printemps 2016.

Concrètement, cet accès se fera par étapes. Première d’entre elles, au printemps 2016, la fin de l’exclusion définitive du don. « Le don de sang total sera ouvert aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) à l’issue d’une période de contre-indication de douze mois (absence de relations sexuelles – ndlr). Une période qui garantit le même niveau de sécurité transfusionnelle que pour l’ensemble des donneurs actuels », explique la ministre. « Les hommes qui, au cours des 4 derniers mois, n’auront pas eu de relation sexuelle avec un homme ou auront eu un seul partenaire, pourront (quant à eux) donner leur plasma grâce à la création d’une filière sécurisée par quarantaine. » En clair, le plasma sera prélevé , congelé et conservé pendant un minimum de 61 jours. Passé ce délai, son utilisation est subordonnée à un nouveau test.

tweet-touraine

Seconde étape, des études seront menées pour évaluer s’il existe un risque lié à ces dons. Dans le cas contraire, les règles relatives aux dons des HSH pourront alors être rapprochées des règles générales l’année suivante. Du côté de l’Etablissement français du Sang (EFS), on salue la décision. « Tout cela va contribuer à donner confiance dans le don de sang », insiste le Dr Bruno Danic, vice-président de l’EFS Bretagne. « Avancer étape par étape permet de rassurer les malades. Sans oublier que cela soulage un public qui, sur la question, se sentait discriminé ». Reste qu’aujourd’hui, le chantier n’en est qu’à ses balbutiements. « L’Agence nationale de Sécurité du médicament et des produits de Santé (ANSM) va devoir proposer un nouveau questionnaire d’entretien pré-don. Une meilleure information du donneur va devoir être mise en place. Sans oublier le renforcement de la formation des personnes effectuant la collecte. Enfin, les campagnes de communication grand public devront être des plus précises. » 

Pourquoi maintenant ?

Rappelons qu’une circulaire de 1983 avait exclu du don du sang les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. « Cette voie fut empruntée à l’époque par la majorité des Etats, et justifiée par un risque d’exposition au VIH plus important lors d’une relation sexuelle entre hommes que lors d’une relation hétérosexuelle ou d’une relation sexuelle entre femmes », conclut la ministre.

Alors qu’est-ce qui a changé ? « Avant tout, de nombreux pays ont mis en place ces mesures avant nous », répond le Dr Danic. « La France s’aligne sur la plupart des grands pays développés – l’Australie, les Etats-Unis, les Pays-Bas ou encore le Japon – qui ont adopté cet ajournement de 12 mois. Et aucune augmentation du risque n’a été observée depuis.  N’oublions pas enfin que depuis 1983, les tests biologiques ont fait d’énormes progrès, permettant aujourd’hui de mettre en place cette mesure. »

  • Source : Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits de la femme, 4 novembre 2015

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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