Le médecin traitant à hue et à dia ?

06 janvier 2005

Fini le nomadisme médical. Depuis le 1er janvier, le volet “médecin traitant” de la réforme de l’Assurance maladie est entré dans la danse. C’est une petite révolution qui se trame silencieusement. Désormais, chaque patient aura son médecin.

Cette nouveauté concerne quelque 47 millions d’assurés de plus de 16 ans. Et gare aux indisciplinés ! Le texte est clair à ce sujet. Le coût de la consultation “peut être majoré pour les assurés et les ayants droit n’ayant pas choisi de médecin traitant ou consultant un autre médecin sans prescription de leur médecin traitant (article 7)“. Et ce dès le 1er juillet 2005.

Quiconque ne respecterait pas le dispositif paiera plus cher sa consultation et sera moins remboursé par l’Assurance maladie. Il faudra donc mettre deux fois la main à la poche, un principe qui rappelle celui de la double peine. L’objectif affiché, “une meilleure prise en charge médicale sur le long terme, grâce à un dossier médical personnel“. Derrière ce vernis, la volonté de mieux contrôler les dépenses de santé. La sécurité sociale espère ainsi économiser 5 milliards d’euros.

Une question de taille s’impose cependant, que pose l’UFC-Que Choisir : “que se passera t-il lorsqu’un praticien refusera d’être le médecin traitant d’un usager?” Car le texte ne garantit pas au malade le libre accès au médecin traitant de son choix.

Pour le député Jean-Marie le Guen (PS) cette réforme court-circuite “l’égal accès aux soins sur l’ensemble du territoire“. L’UMP Pierre Morange, membre de la Mission d’information sur la problématique de l’assurance-maladie, voit là pour sa part “un vrai sujet“. Lequel trouverait son origine “dans les aléas de la démographie médicale” plus que dans une véritable inégalité devant la loi.

Déterminé “à laisser au patient un délai maximum pour trouver” un médecin traitant, il est peu soucieux d’imposer au médecin de répondre à une demande de prise en charge. Il confie néanmoins son intention “d’interroger le ministre (de la santé) (…) car on ne peut pas pénaliser un patient qui ne trouverait pas d’offre pour satisfaire à sa demande de soins“. A suivre…

  • Source : JAMA. 2004 ;292 : 2984-2990

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