Le SIDA de Charybde en Scylla ?
23 novembre 2004
A peine plus d’une semaine avant la Journée mondiale contre le SIDA, l’heure est à l’inquiétude. Dans le monde associatif comme au sein des agences de l’ONU -ONUSIDA, OMS…- qui sont les plus impliquées dans le Fonds mondial contre les pandémies.
Fédérer les efforts dans une lutte coordonnée contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, en voilà une bonne idée. Surtout qu’il s’agissait de rassembler les énergies -notamment financières- des pays riches. A l’heure de la réunion en Tanzanie des administrateurs du fameux Fonds mondial, beaucoup font grise mine.
Finies les envolées lyriques des débuts, quand les Etats-Unis, l’Europe et le reste du monde devaient se liguer pour, à parts égales, verser chaque année 3 milliards de dollars au service de la Cause. Les Etats-Unis, qui n’avaient en fait pris d’engagements qu’à hauteur de 500 millions, viennent d’effectuer un recul spectaculaire. Ils ont annoncé qu’ils réduisaient leur contribution à 150 millions. Du coup la France, qui avec ses 150 millions était le deuxième plus important contributeur du Fonds, vient de faire savoir par son “ambassadrice SIDA” qu’elle voulait également souffler un peu…
Ajoutons à ces coups le fait que 18 antirétroviraux génériques ont été retirés des listes de pré qualification de l’OMS, soit volontairement soit par la contrainte, et l’on comprendra que les fronts s’assombrissent. L’initiative “3 en 5”, au terme de laquelle l’OMS espère traiter en 2005 trois millions de personnes atteintes par le VIH-SIDA, en sera très affectée. Aux mauvaises langues qui accusent les Etats-Unis de vouloir ainsi favoriser le programme PEPFAR élaboré par l’Administration Bush, ses défenseurs répondent qu’ils ont tout faux.
Ils assurent d’abord que ce programme -PEPFAR est l’acronyme de the President’s Emergency Plan for AIDS Relief– n’est pas un compétiteur du Fonds mondial. Bien au contraire, il viserait à conforter le premier. C’est en tout cas ce que déclarait le Secrétaire américain à la Santé en mai 2003. Il n’a pas été démenti à ce jour. Toujours est-il qu’une fois encore, l’accessibilité aux soins dépendra plus que jamais du monde associatif et des industriels. Eux n’ont pas la ressource de fermer les robinets !