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Le navigateur havrais Charlie Dalin publie ce jeudi 9 octobre 2025 La force du destin (Gallimard)*. Dans ce livre, il revient sur son parcours sportif et personnel, marqué par la découverte d’une tumeur à l’intestin en 2023, à l’âge de 39 ans, cinq jours avant le départ de la Transat Jacques-Vabre. Il y raconte comment il a appris à composer avec la maladie et le traitement, tout en continuant à naviguer. Jusqu’à remporter le Vendée Globe 2024-2025 !
Figure majeure de la course au large, Charlie Dalin s’est forgé une place de premier plan dans la voile française. Cinq fois sur le podium de la Solitaire du Figaro, plusieurs fois vainqueur de transatlantiques, deuxième du Vendée Globe 2020-2021, il a fini par s’imposer lors de l’édition suivante, malgré un combat silencieux contre le cancer. Qu’il révèle dans son dernier livre.
Depuis l’automne 2023, le skipper affronte un cancer de l’intestin, une tumeur stromale gastro-intestinale (GIST) d’environ 15 cm, « de la taille d’un pamplemousse », détectée sur l’intestin grêle, segment de l’appareil digestif situé entre l’estomac et le côlon. Pris en charge à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif), il a alors débuté un traitement anticancéreux par thérapie ciblée (Glivec®). Un comprimé quotidien compatible avec la navigation au long cours. Malgré les effets secondaires – fatigue importante et besoin important de sommeil -, il a bien supporté le traitement, ce qui lui a permis de prendre le départ du dernier Vendée Globe et de le terminer en beauté.
Une chirurgie d’exérèse a été pratiquée après la course, en février dernier, pour retirer la tumeur, qui était en train de progresser. Mais une récidive est survenue deux mois plus tard. Au printemps 2025, plusieurs autres traitements ciblés ont été essayés, jusqu’à trouver celui auquel il répond. Ce protocole efficace le contraint toutefois à suspendre provisoirement sa carrière sportive.
Les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) sont les tumeurs du tissu conjonctif (tissu de soutien) les plus fréquentes du tube digestif. Pour autant, elles représentent à peine 1 % des cancers digestifs. Ces tumeurs rares se développent à partir des cellules qui régulent les mouvements de l’intestin (cellules de Cajal).
En France, cela représente moins de 1 000 nouveaux cas par an. Ces tumeurs apparaissent principalement chez l’adulte moyen ou âgé. Elles sont le plus souvent sporadiques, c’est-à-dire qu’elles apparaissent de façon isolée sans facteur génétique identifiable. Quelques formes rares sont héréditaires, liées à des mutations génétiques.
Elles apparaissent le plus souvent dans l’estomac (environ 65 % des cas) et l’intestin grêle (10 à 20 %), et plus rarement dans le rectum, le côlon ou l’œsophage. Les GIST sont diagnostiquées au stade localisé dans 80 à 90 % des cas, c’est-à-dire que la tumeur est confinée à l’organe où elle est apparue et n’a pas encore envahi les tissus voisins ni donné de métastases. Le plus souvent, la présence d’une GIST se révèle par un syndrome tumoral, comme des douleurs abdominales, la sensation d’une masse palpable ou une déformation du ventre, ou par une complication de la tumeur, telle qu’une perforation, une hémorragie ou une occlusion intestinale.
Lorsque les GIST sont localisées, la chirurgie visant à retirer la tumeur reste le traitement principal. Pour les formes avancées ou celles ayant des métastases, le traitement de première intention est l’imatinib (Glivec®), un traitement ciblé appelé inhibiteur de tyrosine-kinase, pris par voie orale chaque jour, celui-là même que Charlie Dalin a suivi dans les suites de la découverte de son cancer. Si l’imatinib ne fonctionne pas ou provoque des effets indésirables, d’autres inhibiteurs de tyrosine-kinase peuvent être essayés.
Après la chirurgie, la surveillance dépend du risque de récidive. Pour les GIST à haut risque, un scanner de l’abdomen et du pelvis ou une IRM est conseillé tous les 3 à 6 mois pendant les trois premières années, puis de manière plus espacée. Le pronostic suite au diagnostic d’une GIST dépend de la taille de la tumeur, de la vitesse
de multiplication des cellules tumorales et de la localisation. Les récidives peuvent survenir plusieurs années après l’opération. D’où une surveillance à long terme indispensable.
* La force du destin, Charlie Dalin – Didier Ravon ; 9 octobre 2025 ; Éditions Gallimard ISBN : 978-2-7424-6879-9
Source : 12. Tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) SNFGE 11/06/2024 ; Axel LE CESNE. Tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) : du diagnostic au traitement (FMC-HGE, 2023) ; Bruno Landi, Anne-Laure Pointet : Conduite à tenir devant une petite GIST gastrique FMC-HGE, 2016) ; Les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) À l’avant-garde des thérapies ciblées antitumorales, Med Sci (Paris)Vol29, N 6-7, 2013
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet