Le stress au travail, c’est vraiment une maladie

25 mars 2010

Le MEDEC est un congrès très comme il faut, mais c’est aussi l’occasion de vrais coups de gueule. La semaine dernière deux médecins, Patrick Légeron et Ange Mezzadri ont profité de la tribune qui leur était offerte pour hausser le ton. Et pour dire leur inquiétude face à la montée du stress professionnel, et les difficultés des médecins du travail.

« On n’est pas dans Germinal ! » Il y a 21 ans, quand le Dr Patrick Légeron – psychiatre et directeur général de Stimulus, un cabinet de conseil en changement comportemental – évoquait le problème du stress dans le cadre professionnel, il se heurtait au déni. En 2004, les cas de suicides chez Renault ou PSA ont poussé la Confédération européenne des syndicats (CES) à signer un accord-cadre sur le stress lié au travail. « Par la suite, j’ai remis un rapport au gouvernement, mais il n’y a pas grand-chose de fait » regrette le Dr Légeron. « Il n’existe aucune problématique du stress, ni de comptabilité des suicides au travail, alors que le nombre de personnes infectées par la grippe A/H1N1 est connu au patient près. »

La faible implication du ministère de la Santé… La médecine du travail figurez-vous, n’est pas une question de santé. Ainsi dépend-elle du ministère du Travail. « Il n’existe pas d’approche santé du stress au travail » s’insurge le Dr Ange Mezzadri, administrateur national de l’Association française des Techniciens et Ingénieurs de Sécurité et des Médecins du Travail (AFTIM). « La médecine du travail est de la vraie médecine, mais ce sont les syndicats qui décident quelle position adopter… Laissons la médecine à qui de droit ! »

La France, un pays à part. Dans l’Hexagone, l’approche du stress relève davantage du social, contrairement au Canada ou au Luxembourg. « Les Français parlent de souffrance au travail » précise le Dr Patrick Légeron. « Au Québec en revanche, il s’agit de santé psychologique au travail. Dès le départ, le problème n’est pas abordé de la même façon. Dans notre pays, celui qui gère le stress est au mieux, l’adjoint de l’adjoint du DRH… » Or selon l’Agence française de Sécurité sanitaire de l’Environnement et du Travail (AFSSET), le stress serait le premier motif de consultation…et seulement 10 cas par an sont reconnus comme maladie professionnelle.

Quelles solutions ? « Elles sont difficiles à établir » assure Patrick Légeron. « Il faudrait réussir à faire cohabiter la santé de l’entreprise et celle des salariés. Cela fonctionne bien pour les Finlandais de Nokia®, alors pourquoi pas pour France-Telecom® ? Le stress provoque un gâchis à la fois humain – 1 salarié sur 5 est sujet au stress – et économique : la France possède le record d’absentéisme en Europe. »

  • Source : MEDEC, le 19 mars 2010

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