Le THS qui fait mentir les études américaines

26 août 2005

Après la tempête médiatique contre le traitement hormonal substitutif (THS) de la ménopause, ses défenseurs contestent la méthodologie des études américaines : des femmes trop âgées, traitées fort tard avec des hormones qui n’ont pas cours en Europe.

Ces études, en particulier l’étude WHI (Women’s Health Initiative), concluaient à une surmortalité cardiovasculaire dont se serait rendu coupable le THS. Selon le Pr Jean-Michel Foidart de l’Université de Liège, “il faut resituer l’étude WHI dans son contexte“. Les femmes incluses dans cette étude étaient “beaucoup plus âgées, elles étaient à très haut risque cardiovasculaire et, en plus, elles utilisaient les plus mauvais progestatifs qui soient, quasiment pas prescrits en Europe“. Des propos qui confortent ceux tenus dès juillet 2002 par le Pr Patrice Lopes (CHU de Nantes), qui confiait à Destination Santé ses doutes sur ce travail. “Il concerne une population nord-américaine très particulière, avec un traitement lui-même particulier tant par l’origine des hormones qui n’étaient pas naturelles, que par le mode d’administration, continu et non séquentiel comme en France.

Rappelons que le THS comporte en général des estrogènes -dont on tend à diminuer les doses- et un progestatif. Pour ce dernier, la recherche a abouti à des molécules plus proches de la progestérone naturelle. Ce qui fait dire au Pr Foidart qu’il est “tout à fait persuadé que si les femmes avaient pris d’autres (progestatifs), en particulier la drospirénone, nous aurions eu des résultats très différents. Grâce à ses effets anti-minéralocorticoïdes (c’est-à-dire qu’il s’oppose à la rétention d’eau et de sels dans l’organisme, n.d.l.r.) il a un profil de sécurité cardiovasculaire bien meilleur que celui des autres progestatifs.

Alors, THS or not THS ? La démarche actuelle est de donner ce type de traitement en individualisant complètement la démarche. Le Pr Foidart souligne ainsi que “toutes les études montrent qu’il réduit la mortalité générale mais, et c’est essentiel, seulement s’il est prescrit avant 60 ans. Le THS instauré tardivement -après 60 ans- ne réduit pas la mortalité mais ne l’augmente pas non plus.“. Comme le dit l’ANAES, “la ménopause n’est pas une maladie. Le THS est en revanche un médicament. Il a des indications, des contre-indications et des effets indésirables.” Cela doit se peser, loin de toute agitation médiatique. Dans le cabinet d’un médecin, par exemple.

  • Source : CHU de Nantes, 24 août 2005

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