Les « bruits blancs » aident-ils vraiment bébé à s’endormir ?
27 janvier 2020
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Ambiance aspirateur ou lave-vaisselle, télévision mal réglée ou machine à laver… Ces sonorités sont difficiles à définir mais on les trouve très facilement sur Internet sous le terme « bruit blanc ». Réputés aider à l’endormissement, sont-ils totalement inoffensifs pour les tout-petits ?
Il est 4 heures du matin. C’est la troisième fois depuis le début de la nuit que Bébé pleure. Vous vous levez pour vérifier qu’il n’a ni faim, ni chaud, ni froid, ni besoin d’être changé. Tout va bien. Il a simplement du mal avec le concept de « nuit complète ». Et par la force des choses, vous aussi. Si vous avez de la chance, cette difficile période durera quelques semaines, voire quelques mois. Sinon, quelques années.
Alors, il est possible que vous craquiez. Que, comme plusieurs millions de parents internautes, vous tapiez « bruit blanc » dans la barre de votre moteur de recherche, et lanciez l’une de ces vidéos émettant des sons qui promettent apaisement immédiat et sommeil retrouvé. Ou que vous téléchargiez une appli dédiée. Ou même, que vous investissiez dans un « générateur de bruits blancs », qui peut prendre la forme d’une jolie peluche toute douce.
Mais qu’entend-on par « bruit blanc » ? « Il vaut son nom au parallèle avec la lumière blanche. Comme cette dernière est une superposition de toutes les couleurs, le bruit blanc est une superposition de toutes les fréquences auditives », explique Thomas Andrillon, chercheur en neurosciences à l’université de Melbourne. « L’avantage de ce bruit « blanc » serait donc d’atténuer les autres bruits. »
Bruit rose plutôt que blanc
Selon le chercheur, même si « les travaux scientifiques ne sont pas aussi nombreux qu’ils pourraient l’être, étant donné l’intérêt du public pour cette question, (…) dans le cas du bruit blanc, on peut s’attendre à un effet positif sur la qualité du sommeil. » De rares études réalisées sur de petits échantillons semblent effectivement montrer que le bruit blanc présente un intérêt, notamment chez les nouveaux-nés : il provoquerait un endormissement plus rapide. Idem chez des adultes, dans l’environnement bruyant d’une unité de soins intensifs : en réduisant « la différence entre le bruit de fond et le bruit de pointe », les bruits blancs permettent une moindre sensibilité aux bruits extérieurs.
Faut-il pour autant les recommander pour faciliter le sommeil des bébés ? Le chercheur reste prudent : « l’état des connaissances est trop faible pour faire une recommandation ou une mise en garde. Le volume peut être un facteur important à contrôler, et tout le monde n’a pas de sonomètre à la maison. » Mieux adapté à la perception humaine, le « bruit rose » (qui, contrairement au bruit blanc, n’est pas constant) est une alternative : « il est en général plus doux à l’oreille et mieux toléré. Une modulation temporelle du bruit peut aussi être assez agréable et faciliter l’endormissement ». Le bruit des vagues, par exemple.
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Source : Interview de Thomas Andrillon, chercheur en neurosciences à l’université Monash de Melbourne (Australie)
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet