











A 20 000 dollars ” la passe ” pour rétablir le courant dans une moelle épinière lésée, l’intervention de cet universitaire pékinois pourrait sembler bon marché. Mais ce n’est pas tant son prix qui fâche, que certains aspects éthiques de la chose.
Retrouver l’usage de ses membres quand on l’a perdu, c’est un rêve qui n’a pas de prix en effet. Grâce à Huang Hongyun, neurochirurgien à l’hôpital de Xishan dans l’ouest de Beijing, il semble donc que ce ne soit plus un rêve. Juste une réalité possible qui de surcroît aurait juste un coût. Les 20 000 dollars en question permettraient aux candidats – nombreux et en provenance de pays très divers – de bénéficier des soins du bon Dr Huang.
C’est là que le bât blesse. Car la thérapeutique mise en oeuvre à Xishan repose sur l’injection dans le cerveau et la moelle épinière, de cellules prélevées post-abortum sur des embryons humains. Une pratique bien évidemment interdite au nom de l’éthique par tous les autres pays développés. Plus encore, la technique en question relève de l’expérimentation sauvage. Selon nos confrères du Lancet en effet, Huang se refuserait à tout essai contrôlé par un comité d’éthique.
Un débat d’initiés ? Pas du tout. A défaut d’avoir une conception occidentale de la morale, le responsable de la clinique de Xishan s’y entend à communiquer. Sa technique est mondialement connue… sinon reconnue. Le débat est intense y compris dans la communauté des patients, très mobilisée dès lors qu’il s’agit d’identifier des innovations porteuses d’espoir. Cette mobilisation et c’est rassurant, laisse pourtant toute sa place à une solide analyse rationnelle du pour et du contre.
Pourtant, le débat en question se déroule dans des forums parfois très inattendus. On ne sera pas trop surpris de lire les interrogations et les inquiétudes d’un malade dans les colonnes du quotidien The Guardian. En revanche, le dossier publié par le site de l’organisation belge de consommateurs Testachats online en dit long sur l’importance de la question, telle que vécue par le public.
Ainsi le débat dépasse-t-il largement la seule dimension – par ailleurs considérable – de son propos initial. C’est toute la question de la validation du progrès médical par les preuves, et surtout des conditions de la recherche, qui se trouve ainsi posée. Le fait que le public y prenne une telle part mérite attention.
Source : de notre envoyé spécial - 3èmes Assises nationales de la Santé de l'Enfant et de l'Adolescent - 13 janvier 2005
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