Les malades ont-ils des droits ?

01 mars 2005

Vous trouvez la question provocante ? Pourquoi dans ce cas faudrait-il qu’existe une Charte européenne sur les Droits des Malades ? Une charte qui paraît d’ailleurs très inégalement prise en compte, d’après un rapport rendu public hier.

Pour européenne qu’elle fut, la charte en question n’est écrite qu’en anglais. Les ressortissants des 24 autres pays européens n’auront qu’à se mettre à la langue de Shakespeare, mais le débat est ailleurs. Même si la chose n’est pas pour favoriser la diffusion de la bonne parole auprès des parlementaires… Il n’en reste pas moins que d’après ses promoteurs -les responsables du réseau Active Citizenship Network– l’attention portée aux droits des malades diffère largement d’un pays à l’autre.

Le moins qu’on puisse dire est en effet que la transparence ne va pas de soi. Ainsi 4 pays se seraient-ils opposés à la communication de toute information quant à la manière dont les droits des patients sont reconnus en milieu hospitalier. Evitez donc de vous promener en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Irlande et au Portugal… Il n’y a pourtant rien de bien méchant dans ce document. Il plaide pour l’accès aux soins, la liberté de choix, la sécurité du patient mais aussi pour un dialogue nécessaire à un consentement vraiment éclairé. Et pour une information grâce à laquelle l’individu pourra devenir un acteur plus responsable de sa propre santé.

Nous reviendrons sur le sujet, et notamment sur certains des constats opérés par les rapporteurs au terme d’une enquête dans 13 pays sur les 15 de la “vieille” Europe. Retenons cependant l’affirmation de l’ancien président du Parlement européen Pat Cox, pour qui “il est clair que l’ignorance a un coût. Et même qu’à l’extrême l’ignorance tue“.

Et de citer quelques chiffres frappants puisés à bonnes sources. Ainsi selon l’OMS, sur 12 millions d’Européennes qui devraient être traitées pour ostéoporose, 2,5 millions seulement sont prises en charge. “Est-il normal qu’une femme doive attendre de subir une fracture pour que son médecin lui parle des traitements qui auraient pu l’éviter ? (…) Et sur 15 millions de Britanniques qui pourraient bénéficier d’un traitement par une statine (contre le cholestérol, n.d.l.r.) susceptible d’éviter d’innombrables hospitalisations, ils ne sont que 2 millions à être traités“. Et le parlementaire de souligner que les dépenses de soins en Europe se montent à 100 milliards d’euros pour les maladies respiratoires et 135 milliards pour les maladies cardiovasculaires. Sans oublier 500 millions de journées de travail perdues chaque année…

Considérée sous cet angle, la réponse à la question posée est évidente. Oui, les malades ont des droits. Mais aussi sans aucun doute, quelques devoirs. Mais nous y reviendrons…

  • Source : de notre envoyé spécial à Bruxelles

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