Les microplastiques responsables de cancers de la vessie ?
30 septembre 2024
Une étude australienne met en évidence la présence de plastique dans les reins, les urines, mais aussi la vessie dans des cas de cancers. Pour les chercheurs, la présence de plastique dans les voies urinaires pourrait être à l’origine de cancers, de maladies rénales chroniques et d’infections urinaires.
Des chercheurs de l’université Bond (Australie) se sont intéressés à la présence de micro et nanoplastiques dans les voies urinaires. Ce qui les a poussés à mener ce travail, publié le 31 août 2024 dans la revue Journal of exposure Science & environmental epidemiology ? Le fait que 404,61 millions d’infections des voies urinaires aient été diagnostiquées en 2019, à l’origine de 236 000 décès.
A partir d’une méta-analyse de six articles scientifiques, ils ont déterminé que des particules de plastique étaient retrouvées dans 54 % des échantillons d’urine, 70 % des échantillons de rein et 68 % des échantillons concernant des cas de cancer de la vessie.
Toutefois, si les microplastiques sont présents dans les cas de cancers, comment savoir s’ils sont impliqués dans la formation de ces cancers ? Pour tenter d’y répondre, les chercheurs ont analysé une douzaine d’études antérieures qui caractérisent les effets des particules de plastique sur les voies urinaires. Selon ces recherches, la présence de plastique dans les voies urinaires provoque une toxicité et une inflammation, réduisant la durée de vie des cellules. Ces microparticules perturbent en outre des voies de signalisation extracellulaire qui participent notamment à la croissance, la différenciation cellulaire et la transformation tumorale.
L’OMS contestée
« Cette étude met en évidence la menace émergente de la contamination par les microplastiques dans les voies urinaires humaines, remettant en cause l’affirmation de l’Organisation mondiale de la santé selon laquelle les microplastiques ne présentent aucun risque pour la santé publique », écrivent les auteurs, dont les propos ont été rapportés dans un communiqué de presse de l’université Bond, le 27 septembre. En 2019, un rapport de l’OMS sur les microplastiques dans l’eau potable suggérait qu’« à ce stade, aucune donnée ne suggère de problèmes de santé manifestes associés à l’exposition aux particules microplastiques par l’eau potable ». Ce que contestent les auteurs de l’étude.
Pour eux, des mesures doivent être prises rapidement. « Les effets cytotoxiques des microplastiques, ainsi que leur capacité à induire une inflammation, à réduire la viabilité cellulaire et à perturber les voies de signalisation, soulèvent d’importantes préoccupations de santé publique concernant le cancer de la vessie, les maladies rénales chroniques, les infections chroniques des voies urinaires et l’incontinence », poursuivent les chercheurs. « En conséquence, cette étude souligne le besoin urgent de recherches supplémentaires et de développement de politiques pour relever les défis liés à la contamination par les microplastiques. »
Des preuves qui s’accumulent
Environ 368 millions de tonnes de plastique ont été produites en 2019 et ce chiffre devrait doubler d’ici 2050. Le site Vie-publique souligne que cet essor considérable s’explique notamment par le recours massif du plastique dans le secteur de l’emballage (36 % de la part du marché mondial). Les études prouvant sa présence dans les tissus du corps humain se sont multipliées dernièrement.
Les microplastiques ont ainsi été retrouvés dans les cerveaux, les placentas, les tissus testiculaires… Et une étude a déjà montré les conséquences délétères des microparticules sur le cœur : la présence de plastiques dans les plaques d’athérome retirées des carotides de patients correspondait à un risque d’accident cardiovasculaire plus de 4 fois supérieur à celui des patients dont les plaques d’athérome ne contenaient pas de plastique.