Les obèses auraient perdu le goût des lipides…

19 septembre 2013

Manger plus pour retrouver le goût ? Des chercheurs de l’INSERM viennent de montrer – chez des souris – que les obèses seraient moins sensibles au goût des lipides (des graisses). Ce qui les pousserait à en consommer davantage pour satisfaire leur appétence… Explications.

« Chez l’homme comme chez la souris, il existe un système biologique de détection gustative des composants alimentaires, notamment celle des lipides » expliquent les auteurs. « Il entraine des sensations de plaisir ou de dégoût et contribue à réguler l’envie et la consommation. » Eh bien chez les patients obèses, ce mécanisme pourrait être déréglé. En clair, ils deviendraient moins sensibles au goût du « gras ».

Pour le montrer, les scientifiques ont rendu des rongeurs obèses. Ils les ont ensuite mis en présence de plusieurs biberons contenant des solutions plus ou moins grasses, et ce pendant 12 heures. Leur objectif, évaluer l’attraction des animaux pour ces boissons en enregistrant le nombre de coups de langues passés sur les différentes tétines.

Résultat, « ces animaux présentent une perte de sensibilité aux lipides par rapport à des rongeurs de poids normal » explique Philippe Besnard, co-auteur des travaux. « Ils ne semblent pas capables de détecter les faibles concentrations lipidiques qui sont censées leur plaire ».

Un cercle vicieux

A l’inverse, dès lors qu’une restriction calorique est mise en place, « , les animaux perçoivent de mieux en mieux les lipides. » Voilà qui sous entend que l’obésité est bien la cause d’une perte de sensibilité et non l’inverse. Ce dérèglement constaté serait lié à une « baisse du niveau d’expression » de la protéine CD36, qui fonctionne moins bien chez les souris obèses.

Pour les chercheurs, « ces travaux montrent bien que l’obésité interfère avec la perception gustative des lipides. Nous devons maintenant vérifier si cela entraine une modification du comportement avec une augmentation des apports alimentaires. » Cela revient à se demander si en mangeant davantage, les obèses tentent de retrouver le goût du gras…

Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : INSERM, 3 septembre 2013

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