Les parfumeurs n’ont pas que du nez
20 décembre 2012
Pour créer les fragrances les plus délicieuses et les plus ensorcelantes, nos parfumeurs ont du nez… et un cerveau surdéveloppé. En tout cas, les aires cérébrales associées à l’olfaction sont nettement plus importantes chez eux, que chez le commun des mortels. Vous trouvez que c’est peu surprenant ? Une équipe de chercheurs au CNRS, a mis… son nez sur l’affaire. Et elle a montré que la quantité de matière grise de ces zones était d’autant plus importante que l’expérience du parfumeur était longue…
L’équipe du CNRS et de l’INSERM du Centre de Recherches en Neurosciences de Lyon (CRNL) et de l’Institut de Neurosciences de Grenoble (ING) a soumis 14 experts parfumeurs, parmi lesquels Jean-Claude Ellena, créateur de fragrances chez Hermès et Daniel André, « nez » à Genève en Suisse, à une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). En parallèle, le même examen a été réalisé sur 13 étudiants de l’Institut supérieur international de la Parfumerie, de la Cosmétique et de l’Aromatique à Versailles, et sur 21 sujets sans expertise olfactive particulière.
En comparant les différents clichés obtenus, les chercheurs ont observé des différences significatives. Le volume de matière grise de certaines zones spécifiques s’est avéré plus important chez les parfumeurs que chez les volontaires dits « naïfs ». C’est en particulier le cas du cortex olfactif primaire et d’une région orbito-frontale voisine du sillon olfactif. Et plus l’expérience du parfumeur était longue, plus la quantité de matière grise était importante.
Un cerveau exercé vieillit moins vite
Chez les sujets sans expérience olfactive, les aires cérébrales associées se réduisent significativement avec l’âge. A l’inverse, les parfumeurs conservent durant de longues années, leur capacité à reconnaître et identifier les différentes odeurs. « Cette observation montre que les modifications cérébrales observées chez les parfumeurs seraient le fruit de l’entraînement, et non de particularités innées », soulignent les auteurs.
« Ces résultats rappellent aussi les modifications structurales déjà observées chez d’autres types d’experts comme les musiciens, les sportifs, les polyglottes, les mathématiciens ou… les chauffeurs de taxi (sans doute pour leur capacité à mémoriser les trajets n.d.l.r.). Tous ces spécialistes réorganisent et sur-développent des aires cérébrales spécifiques à leur expertise ». Il est donc une nouvelle fois confirmé que le cerveau humain s’adapte à la demande environnementale, et qu’il est capable de se réorganiser avec l’expérience.