Les vaccins victimes de leur succès

25 avril 2014

Pour le Dr Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à l’Institut de Veille sanitaire (InVS), « la vaccination a permis de faire disparaître de l’hexagone des maladies infectieuses comme la diphtérie et la poliomyélite. Du coup ces affections sont moins visibles et les avantages de la vaccination moins perceptibles ! »

En France, mais également dans d’autres pays développés, les populations estiment, à tort, qu’il n’est plus nécessaire de se faire vacciner contre certaines maladies comme le tétanos, la diphtérie et la poliomyélite, devenues un lointain souvenir. « Autant d’affections qui faisaient peur à nos mères et nos grands-mères », explique le Dr Lévy-Bruhl. « Aujourd’hui, grâce à la vaccination, elles ne constituent plus une menace en France ». Par ailleurs, il tient à indiquer que certaines d’entre elles sont toujours présentes à l’échelle de la planète. « C’est le cas de la poliomyélite qui a fait sa réapparition en Syrie. Ce qui prouve bien que dès que l’on relâche la garde, ces affections reviennent. »

Avantage anciens vaccins

Les doutes concernant la vaccination seraient-ils une histoire de génération ? « Oui, les jeunes parents d’aujourd’hui n’ont plus dans leur entourage des gens paralysés par la polio ou d’enfants décédés de la diphtérie. Ils ont l’impression que la vaccination ne s’impose plus comme une évidence ».

Pour le Dr Lévy-Bruhl, la relative désaffection des Français pour les nouveaux vaccins s’explique par le manque de confiance. « Concernant les anciens, il y a suffisamment eu de générations vaccinées pour que la population ait confiance et n’aient pas l’impression d’être considérée comme des cobayes. A l’inverse, tout nouveau produit inquiète. A cause soi-disant du manque de recul et de possibles effets secondaires qui n’auraient pas été anticipés au cours des essais cliniques. Au niveau individuel, une mère par exemple qui s’est faite vacciner, aura plus de facilité à faire administrer à son nourrisson tel ou tel vaccin qu’elle connaît plutôt qu’un autre qu’elle n’a pas expérimenté ».

  • Source : Interviews de Daniel Lévy-Bruhl, Institut de Veille sanitaire, 15 avril 2014

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

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