L’insuffisance cardiaque se dévoile
29 septembre 2020
Si le terme « insuffisance cardiaque » est connu du grand public, il existe encore des zones d’ombre autour de cette maladie qui représente le premier facteur d’hospitalisation après 65 ans en France. A l’occasion de la Journée mondiale du Cœur ce 29 septembre, le Pr Nicolas Lamblin du CHU de Lille, nous éclaire sur les mille et une facettes de l’insuffisance cardiaque.
Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ?
Donner une définition précise de l’insuffisance cardiaque n’est pas aisé. D’autant que selon le Pr Nicolas Lamblin, président du Groupe insuffisance cardiaque et cardiomyopathies (GICC) et chef de service aux urgences cardiologiques du CHU de Lille, « il ne s’agit pas d’une affection mais d’un ensemble de maladies qui provoquent un mauvais fonctionnement du muscle cardiaque ». Autrement dit, « le cœur n’assume pas sa fonction première de pompe. Il peine à transporter le sang, l’oxygène et les nutriments dont l’organisme a besoin. »
Au total, selon une étude Opinionway pour AstraZeneca, un Français sur trois connaît l’insuffisance cardiaque. Mais le Pr Lamblin estime pour sa part que le public n’est pas assez informé sur ses différentes formes. « Classiquement, c’est une maladie liée au vieillissement cardiaque », explique-t-il. « Il y a aussi des personnes entre 50 et 70 ans qui ont été victimes d’un infarctus qui va mal évoluer et risque d’entraîner une insuffisance cardiaque. Enfin, nous avons des sujets jeunes qui souffrent de maladies rares, qui elles aussi peuvent être à l’origine de l’insuffisance cardiaque. Cela recouvre un grand nombre de situations différentes. Il n’y a pas un type de malade particulier. »
Des symptômes peu évocateurs… mais de mieux en mieux identifiés
Toujours selon l’étude, le niveau de connaissance semble assez élevé, avec 80% des sondés qui identifient l’essoufflement comme un des symptômes et 67% la fatigue. Mais une minorité (42%) cite l’œdème. « Nous retrouvons 4 symptômes majeurs. Essoufflement à l’effort, prise de poids en quelques jours, œdèmes et fatigue. Pour sensibiliser la population, nous avons ainsi créé l’acronyme EPOF, pour essoufflement, prise de poids, œdème et fatigue. »
Le Pr Lamblin estime toutefois que l’essoufflement, un des symptômes maîtres, est rarement considéré comme potentiellement grave. « Cela n’alerte pas suffisamment les patients, ils n’en parlent pas, ils ne s’en plaignent pas », affirme-t-il. « Et lorsque l’on présente au moins deux de ces signes, il faut absolument penser à l’insuffisance cardiaque. »
Des causes liées à nos modes de vie
Quant aux causes, les Français semblent là aussi bien sensibilisés. L’hypertension artérielle (64%), l’obésité (63%), le tabac (61%) sont cités comme des causes de l’insuffisance cardiaque. En revanche, seulement un tiers évoquent le diabète. Or 30% des insuffisants cardiaques sont diabétiques. « C’est pourquoi il est essentiel de mener de vraies politiques de prévention axées sur la lutte contre la sédentarité, la malbouffe et l’obésité. »
Eviter les hospitalisations
« L’insuffisance cardiaque n’est pas anodine », explique le Pr Lamblin. « Nous enregistrons chaque année en France 200 000 hospitalisations et 70 000 décès. C’est la première cause d’hospitalisation chez les plus de 65 ans. » Par ailleurs, de nombreux patients vont devoir subir plusieurs admissions à l’hôpital, « et cela comporte à chaque fois un risque de décès. C’est d’autant plus rageant que pour la moitié des malades, nous disposons de traitements très efficaces. Une bonne partie de ces décès serait évitable en identifiant plus précocement les patients, en les prenant en charge plus rapidement et en accentuant la prise en charge après la première hospitalisation. »
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Source : Interview du Pr Nicolas Lamblin, 7 septembre 2020
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon