Dérivés de la kétamine : deux nouvelles substances inscrites sur la liste des stupéfiants

05 août 2025

Les cas d’intoxication liés à la consommation nouveaux produits de synthèse (NPS) dérivés de la kétamine sont en augmentation ces dernières années. Deux d’entre eux viennent d’être ajoutés sur la liste des stupéfiants par l’ANSM.

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) annonce mardi 5 août placer de nouvelles substances dérivées de la kétamine sur la liste des stupéfiants : l’O-PCE (ou N-éthyldeschlorokétamine ou 2’-OXO-PCE ou éticyclidone) et le DCK (ou deschlorokétamine ou 2’-OXO-PCM ou DXE). « Ces produits sont généralement vendus sur Internet sous forme de poudre blanche ou de cristaux, ou encore de gélules, de comprimés ou de sprays (utilisés par voie orale, nasale ou rectale) », note l’ANSM. Ce classement interdit leur production, leur vente et leur usage en France.

Également appelés analogues de la kétamine, il s’agit de nouveaux produits de synthèse (NPS) présentant une structure chimique et effets pharmacologiques proches des médicaments à base de kétamine. Celle-ci est un psychotrope, utilisée en France comme un anesthésique, chez l’Homme et les animaux. Classée comme stupéfiant, elle est interdite hors du cadre médical« Détournée de son usage médical pour être consommée à des fins récréatives, ses principaux effets psychotropes à dose modérée sont des hallucinations et états dissociatifs, notamment une distorsion de la perception visuelle et corporelle. À très forte dose, la kétamine peut provoquer des effets de décorporation (sentiment de quitter son corps et de l’observer de l’extérieur), voire des pertes de conscience (appelée K-hole) », explique l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives.

Des surdoses parfois mortelles

Les intoxications liées à ces substances sont en hausse ces dernières années. Un rapport d’enquête du centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) de Marseille (Bouches-du-Rhône), montre une hausse des déclarations. « Entre 2017 et 2023, 39 cas ont été rapportés : 13 cas sont associés à la consommation d’O-PCE, 5 cas de DCK et 20 cas avec le 2-FDCK. La majorité de ces cas sont graves (66 %), certains ayant nécessité une hospitalisation », précise l’ANSM. L’enquête DRAMES a en outre identifié six décès liés aux analogues de la kétamine.

L’ANSM souligne un risque d’overdose élevé et potentiellement mortel, exacerbé par les pratiques de polyconsommation. Ces dérivés de la kétamine sont en effet souvent consommés avec d’autres substances psychoactives. « Ces molécules sont souvent méconnues et donc non détectées lors des analyses biologiques, exposant les consommateurs à un retard de prise en charge lors d’une hospitalisation ou en cas d’overdose », ajoute l’agence de sécurité sanitaire.

Quels sont les signes d’une surdose ?

Sensation de malaise, troubles de la conscience, mouvements anormaux comme des convulsions, agitation, délire de persécution doivent pousser un consommateur ou ses proches à appeler les secours ; 112, 15, 18 ou 114 pour les personnes malentendantes.

En cas de consommation répétée, un arrêt brutal peut entraîner un syndrome de sevrage ; anxiété, troubles du sommeil, complications urinaires (pouvant aller jusqu’à l’insuffisance rénale) et des complications hépatiques.

A l’adresse des professionnels de santé : « si un patient présente une altération de la conscience, une agitation, des hallucinations, un délire de persécution ou un état dissociatif, sans signe évocateur d’intoxication aux opioïdes, il peut s’agir d’une intoxication aux dérivés de la kétamine ».

Pour toute demande d’aide pour contrôler ou arrêter votre consommation, consultez un médecin ou une structure spécialisée dans la prise en charge des addictions. Toutes les informations sont disponibles sur drogues-info-service.fr.

A noter : les nouveaux produits de synthèse miment les effets de substances déjà connues, que ce soient des médicaments ou des stupéfiants, en contournant la législation. Selon le CHU de Lille, les NPS posent de grandes difficultés dans le suivi épidémiologique de leur usage. « Compte tenu de leur renouvellement permanent, la détection des NPS dans les produits de saisie, et encore plus dans les échantillons biologiques (car faibles concentrations circulantes et métabolisme parfois intensif) est un réel challenge pour les toxicologues analystes ».

  • Source : ANSM, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, CHU Lille

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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