Mélanome : l’intérêt de la virothérapie ?
27 juillet 2022
Injecter un virus dans les cellules cancéreuses pour les éliminer. Voici le concept de la virothérapie oncolytique. Bénéficiant d’une AMM européenne, le seul médicament de ce type indiqué dans le traitement des métastases du mélanome n’est pas encore disponible en France. Présentation.
Le talimogène laherparepvec (T-VEC) est une immunothérapie basée sur un virus que l’on injecte dans les métastases. « Le virus est modifié génétiquement dans le but qu’il se multiplie de façon préférentielle dans les cellules cancéreuses pour les détruire », explique le Pr Caroline Robert. Dans le même temps « on le rend aussi immunostimulant en lui faisant fabriquer des protéines qui vont appeler des cellules immunitaires à la rescousse. »
Approuvé en Europe et aux États-Unis dans le mélanome avancé, il n’est pas encore disponible en France. Et ne semble pas sur le point d’obtenir une AMM prochainement. « Les derniers essais cliniques n’ont pas été très probants », indique le Pr Caroline Robert. Notamment une large étude de phase 3 en association avec un anticorps anti-PD1 a carrément eu un résultat négatif.
Ce traitement est-il pour autant inutile ?
Au vu des essais cliniques menés jusqu’à présent, « on n’a pas de preuve irréfutable que ce traitement ait un effet très important pour empêcher que d’autres métastases apparaissent ailleurs », estime le Pr Robert. Cela étant, il arrive parfois que cette thérapeutique fasse preuve d’efficacité chez certains patients. Ainsi par exemple, « on a pu observer qu’une fois injecté dans une métastase située sur le ventre, le médicament a entraîné le recul d’une autre métastase dans le poumon », décrit-elle. Le traitement peut « réveiller une immunité à distance ».
Ces résultats ponctuels « ne sont pas assez systématiques, mais ce serait quand même bien d’avoir cette option dans notre arsenal thérapeutique », poursuit-elle. « Ce traitement pourrait en effet rendre service à certains patients, qui présentent beaucoup de métastases cutanées, et donc accessibles à l’injection, ne progressant pas vite. »
Pour en faire bénéficier leurs patients, les médecins français doivent faire des demandes à l’étranger. « J’ai toutes les peines du monde à l’obtenir », déplore Caroline Robert. D’autant plus que la virothérapie oncolytique est très bien tolérée et n’induit que des effets indésirables localisés sur le site d’injection.
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Source : interview du Pr Caroline Robert, chef du service de Dermatologie à Gustave Roussy – EMA – FDA – Inserm – INCa - réalités Thérapeutiques en Dermato-Vénérologie n° 287_Décembre 2019 - Cahier 1
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet