Ménopause : préserver le sommeil et la vigilance…

11 avril 2003

Quand on vieillit, on dort moins bien. C’est connu… particulièrement des femmes après la ménopause ! Elles souffrent de réveils fréquents – jusqu’à 10 fois par nuit ! –, d’apnées du sommeil et par voie de conséquence, d’une perte de qualité du sommeil.

Celui-ci passe en effet par plusieurs phases au cours de la nuit. Le sommeil paradoxal est agité : c’est aussi celui des rêves… Puis les stades 1, 2, 3 et 4 : les deux premiers plutôt de type superficiel, les stades 3 et 4 étant plus profonds, plus récupérateurs. Manque de chance, ce sont eux qui sont altérés après la ménopause ! Le Dr Gabriel André, gynécologue à Strasbourg, mesure toute l’étendue du problème. «Une étude écossaise nous montre que chez les femmes, la fréquence de l’éveil nocturne passe de 5% entre 20 et 30 ans à 27% de 55 à 65 ans. Pourtant chez les hommes, elle reste bien de 5%. C’est dire que le problème est réel et fréquent. Les bouffées de chaleur sont impliquées par une sorte d’effet domino, mais bien des femmes qui ne souffrent pas de bouffées de chaleur éprouvent malgré tout des troubles du sommeil. »

Des symptômes qui sautent aux oreilles !
L’apnée du sommeil, connue pour être souvent associée à un surpoids ou une obésité, affecte également une femme ménopausée sur deux. Comme le précise Gabriel André, dans ces conditions seul le compagnon de ces femmes peut tirer la sonnette d’alarme. Ronflements sonores et arrêts de la respiration sont en effet des symptômes qui sautent… aux oreilles.

«Ces apnées sont des épisodes répétés d’obstruction des voies aériennes supérieures. Elles surviennent pendant le sommeil et sont associées à une réduction de l’oxygène dans le sang, ce que les spécialistes appellent la saturation. C’est ça qui en fait la gravité. Elles entraînent des somnolences diurnes et des troubles du caractère, de la mémoire, de la libido et de l’humeur. Des conséquences extrêmement perturbantes pour la qualité de vie. Plus de 20 apnées par heure de sommeil, c’est un vrai risque de mort subite. » Pas surprenant que ce spécialiste recommande de consulter si les apnées durent plus de 10 secondes et se répètent au cours de la nuit…

Tous les traitements hormonaux de la ménopause (THS) améliorent le sommeil. Sur le plan subjectif en tous cas. Car il y a peu d’études sérieuses pour le prouver. Un THS de troisième génération, récemment développé, vient lui de démontrer qu’il était capable de diminuer les apnées et qu’il améliorait l’attention, la vigilance et la cognition. C’est-à-dire schématiquement, les performances intellectuelles. Il présente la particularité d’utiliser un progestatif sans effet masculinisant. Ce qu’on appelle une molécule non androgénique. D’ailleurs, Gabriel André souligne que « 3 études ont démontré qu’avec un progestatif androgénique on obtient de moins bons résultats sur les troubles de l’humeur et les troubles dépressifs. »

Est-ce bien surprenant, connaissant le mauvais caractère propre au sexe fort… ? Il existe des explications très scientifiques à cela. En tous cas pour la dépression, car les progestatifs dotés d’un effet androgénique auraient un impact sur la production de sérotonine, une hormone impliquée dans la dépression… Et s’il reste encore bien des inconnues le Dr André lui, est d’un avis bien tranché. «Ne serait-ce que pour des raisons qui tiennent à leur intérêt sur le plan cardio-vasculaire, nous ne devrions utiliser que des progestatifs non androgéniques. »

  • Source : Le Concours Médical Tome – 125-05 12/02/2003 - Panorama du Médecin N° 4880 – 20/02/03

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