











© Olesia Bilkei/shutterstock.com
Même si on rêve d’un accouchement sans péridurale, la douleur des contractions est parfois telle qu’on finit par la réclamer à l’anesthésiste. Mais pour certaines femmes, la douleur à l’accouchement n’est tout simplement pas un sujet : elles ne souffrent pas. Ou plutôt : elles ne ressentent pas ou peu la douleur. Ce pourrait être en raison d’une variation génétique, selon des chercheurs de l’Université de Cambridge.
Pour conduire son étude, l’équipe a recruté 189 femmes ayant accouché dans 8 maternités britanniques différentes, sur une période de 3 ans. Critères d’inclusion : des femmes enceintes de leur premier enfant, en bonne santé, ayant mené leur grossesse à terme et accouché par voie basse. Ces femmes n’avaient ni utilisé ni demandé d’analgésie systémique ou régionale (rachidienne ou péridurale). Des tests pour mesurer leur tolérance à la douleur ont été effectués : chaleur et pression sur les bras, mains dans l’eau glacée… L’analyse de leur ADN a également été réalisée.
Résultat : comparé à un groupe témoin de jeunes mères aux profils similaires, mais qui avaient bénéficié d’une analgésie, le groupe test présentait un seuil de tolérance à la douleur beaucoup plus élevé. Aucune différence n’ayant par ailleurs été relevée dans les capacités émotionnelles et cognitives des deux groupes, l’explication était ailleurs, sans doute dans l’ADN.
Les codes génétiques des femmes des deux groupes ont donc été séquencés. Cette analyse a montré que les femmes du groupe test étaient porteuses d’une variation génétique rare du gène KCNG4, qui intervient dans l’un des circuits de la douleur. En clair, cette variation réduit la sensibilité aux signaux électriques qui déclenchent la réaction à la douleur. Le seuil de tolérance à la douleur est donc plus élevé.
« Ce ‘défaut’ agit comme une péridurale naturelle », explique le Dr St. John Smith, co-auteur principal de l’étude. Pour envoyer l’information au cerveau, « il faut un signal beaucoup plus important. En d’autres termes, des contractions plus fortes pendant le travail ». On estime qu’1 femme sur 100 environ est porteuse de cette variation génétique.
Source : Cell Reports, le 21 juillet 2020
Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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