Patients : des droits… et des devoirs !
08 mars 2005
“Ne nous voilons pas la face. Si des femmes en grand nombre bénéficient aujourd’hui d’une chirurgie conservatrice dans le cancer du sein, c’est parce que d’autres il y a 15 ans ont pu participer à des essais cliniques qui ont validé cette approche“.
Le droit de participer aux essais cliniques doit-il être garanti aux patients en Europe ? S’agit-il même d’un droit, ou plutôt d’une sujétion ? Le débat était animé sur ce point, lors de la réunion organisée au Parlement européen de Bruxelles par Active Citizenship Network. L’Irlandaise Deirdre O’Connell, vice-présidente de l’ONG EuropaDonna qui oeuvre pour la sensibilisation et la mobilisation contre les cancers féminins, a vigoureusement défendu cette vision de patients responsables.
Elle s’opposait en cela au point de vue de la European Public Health Alliance, dont la représentante n’y voyait qu’ “un droit à servir de cobayes” ! Cette “alliance pour la santé publique” ratisse assez large il est vrai, comportant jusqu’à des associations pour la promotion de “médecines” comme le shiatsu… dont les vertus thérapeutiques ne sont pas universellement reconnues. La passe d’armes entre les deux femmes, dans l’enceinte du Parlement européen, a montré les limites de cette tentative de promouvoir la Charte européenne des droits des patients. Des limites de deux ordres, tenant à sa conception idéologique -elle comporte exclusivement des “droits”- et aux réseaux politiques mis en oeuvre.
Que penser en effet d’un document qui méconnaît les devoirs de l’individu envers sa propre santé et la collectivité ? La Communauté de communes de Madrid en Espagne, s’est également investie dans ce domaine. Et elle a mis en place un Défenseur du Patient dont les services ont eux-mêmes, édicté un Catalogue des droits et obligations. Il recense 12 “droits”- contre 14 pour la charte européenne -mais aussi 12 obligations – hygiène de vie, respect du corps social, observance…- qui font ainsi une balance égale.
Quant au problème politique, les promoteurs de la Charte candidate à une investiture européenne s’apercevront bientôt que la Commission européenne n’a pas compétence en santé publique. Et qu’elle ne peut donc porter leur projet à son but ultime. Avant de chercher à étendre leur action “aux 10 nouveaux Etats Membres et aux 3 pays candidats“, peut-être devraient-ils prendre langue avec les institutions susceptibles de les aider. Comme l’OMS, dont le Bureau régional pour l’Europe étend son action politique aux… 52 pays du continent.