











« Le désir sexuel est un besoin d’ordre physiologique » nous explique-t-il. « C’est un phénomène naturel qui s’exprime différemment selon les individus. Chacun possède initialement une sorte de « stock » de désir. »
Dans le cerveau, l’un des moteurs de ce désir est la dopamine, une substance qui est à la fois une hormone et un neurotransmetteur. C’est elle qui est sécrétée pour anticiper le plaisir. Le désir est également nourri par la production de testostérone, chez les femmes comme chez les hommes. Enfin, notre instinct de reproduction est aussi une source de désir sexuel.
Absence de désir, absence d’amour ?
« Dans tous les domaines de la vie, chacun est soumis à un certain nombre de censures » analyse le Dr Collier. « Que celles-ci soient imposées par l’extérieur, ou qu’elles prennent naissance dans le fonctionnement corporel ou psychique. Le désir sexuel ne fait pas exception à cette règle et il peut ainsi être réduit, voire dans l’incapacité totale de s’exprimer ».
Les causes en sont en fait diverses. Parfois, l’origine peut en être hormonale, avec un déficit en testostérone. Chez d’autres, le désir se trouve atténué par des maladies ou la prise de certains médicaments comme les antidépresseurs. Enfin le désir peut être empêché par des phénomènes psychologiques inhérents à des événements parfois anciens : un viol dans l’enfance, ou bien des traumatismes moins spectaculaires et passés parfois inaperçus. L’origine peut en être plus récente, et se trouver par exemple dans une déception amoureuse.
Peut-on s’épanouir sans sexualité de couple ?
Francis Collier ne tergiverse pas. Pour lui, « le fait de ne pas éprouver de désir ou de ne pas laisser son désir s’exprimer ne peut pas être considéré autrement que comme un trouble ». Pour notre spécialiste en effet, « la majorité des personnes qui disent ne ressentir aucun désir ne le font pas par choix ». Elles seraient donc en quelque sorte les victimes d’un « blocage », dont elles ne sont parfois pas conscientes.
Evidemment, chacun est libre de vivre comme il l’entend. « Un patient qui dit être parfaitement heureux sans vie sexuelle en couple, ou sans vie sexuelle du tout ne peut être blâmé ! » précise tout de même le Dr Collier. « Mais l’expérience montre que très souvent, tôt ou tard, cet aspect de l’intimité va leur manquer. Il est important qu’ils sachent qu’à tout moment ils ont la possibilité de changer de point de vue ».
Source : Interview du Dr Francis Collier, chef du service d'Orthogénie et Médecine du Couple au CHRU de Lille, 22 juin 2012
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