Plan Cancer 2009-2013 : la suite est assurée…
02 novembre 2009
Le Président de la République vient de dévoiler le « Plan Cancer 2009-2013 » : un dispositif en 30 points soutenu par un budget prévisionnel de 732 millions d’euros, et qui prend la suite du premier Plan élaboré à la demande de Jacques Chirac.
Depuis 2000 en effet, la France s’était dotée d’un dispositif de lutte contre le cancer. Lancé à l’aube du second mandat de Jacques Chirac à l’Elysée, le plan Gillot-Kouchner (2003-2007) avait permis de réaliser une avancée décisive dans la prise en charge de la maladie. Son successeur « s’inspire largement des recommandations formulées en février 2009 par le Pr Jean-Pierre Grünfeld », a rappelé Nicolas Sarkozy lors de sa présentation à Marseille.
Montrées du doigt, les inégalités. « Il y a bel et bien en France une surmortalité géographique liée au cancer », rappelle le chef de l’Etat. L’information n’est pas neuve certes : en 2006 déjà, un rapport du Pr Gérard Salem soulignait le poids des inégalités géographiques en la matière. Elles sont dues au mode de vie et aux conditions de travail, à la participation parfois aléatoire des populations les moins favorisées au dépistage, mais aussi au manque parfois flagrant d’infrastructures pour le diagnostic, les soins et la prise en charge. Ainsi le nombre d’IRM, qui place la France parmi les lanternes rouges de l’Europe, doit-il être augmenté : « 74 machines supplémentaires seront installées d’ici 2013, dont 39 dans les dix régions où la mortalité par cancer est la plus élevée », annonce ainsi le Président.
Le plan nouveau prévoit de consacrer 25% du budget à la prévention. Même s’il est systématisé pour certains cancers (du sein, du colon ou du rectum mais également, dans certains départements, du col de l’utérus…) les recommandations sont encore trop peu suivies par la population générale. « D’ici à 2013 » souligne ainsi Nicolas Sarkozy, « la participation aux dépistages organisés du cancer du sein et du colon doit augmenter de 15% ». Encore ce chiffre est-il calculé en base nationale. L’objectif de progression dans les populations aujourd’hui les moins bien suivies est en effet de 50%.
Un « Observatoire sociétal des cancers » sera également créé. Il doit favoriser une meilleure connaissance de l’épidémiologie des cancers sur le territoire national. En quoi s’opposera-t-il, ou au contraire complètera-t-il les registres déjà existants des cancers ? La question mérite d’être posée.
Cinq sites de recherche pluridisciplinaires devraient être prochainement labellisés. La recherche devra y être menée en impliquant tous les secteurs porteurs – immunologie, environnement, toxicologie – et des partenaires multiples, cliniciens, sociologues, économistes, associations de patients… Dans tous les pays, cette collaboration intersectorielle est considérée comme un préalable à tout progrès significatif.
Riche de 5 000 chercheurs spécialisés, la France dispose théoriquement d’un potentiel substantiel. Encore celle-ci doit-elle prendre en compte les développements cliniques et c’est pourquoi semble-t-il le plan prévoit une augmentation de 50% de la participation des malades aux essais cliniques. Quant à l’accès aux soins, l’objectif affiché est de permettre à 80% des patients de bénéficier d’un programme de soins personnalisé.
La recherche sur les risques professionnels sera renforcée. Le rapport estime entre 2,3 et 5 millions le nombre des salariés exposés à des agents cancérogènes. Quant à la part des cancers liés au travail, elle est estimée entre 5 000 et 10 000 nouveaux cas par an.
Député (PS) de Paris, Jean-Marie Le Guen a réagi rapidement à la publication du nouveau plan. Il dénonce des « mesures gadgets » et « déplore l’absence de mesures fortes en matière de santé au travail et de santé environnementale, dont on sait qu’elles sont les principales causes des inégalités face au cancer dont s’alarme le Président de la République ».
Pour sa part, le vice-président de La Ligue Contre Le Cancer, Albert Hirsch, s’estime plutôt satisfait. « Les axes soulignés par le chef de l’Etat sont ceux qui nous préoccupent : l’impact des inégalités sociales, la question de l’après-cancer et notamment la réintégration totale de la personne dans ses droits, après guérison ». Toutefois, « le plan présente des lacunes. La place faite au généraliste notamment est insuffisante. Nous serions favorables à la formation des médecins traitants et à la création de véritables consultations de prévention».