Protéger les soignants avec un bouclier de kevlar®

28 juin 2010

Tous les soignants exerçant aux urgences le savent : il arrive trop souvent que des patients ou des accompagnants se livrent à des violences potentiellement dangereuses, soit sous l’effet de stupéfiants ou de la douleur, soit même… sans raison particulière.

Confronté à ce problème récurrent, un aide-soignant du CHU de Limoges, Gérard Seringe, a mis au point un bouclier en kevlar® anti-violences. Mis à la disposition des soignants, il remplit trois fonctions complémentaires : protection, immobilisation, aide au transport transport. Ce n’est certes pas un remède miracle, mais il présente le mérite d’être un des seuls outils disponibles pour répondre en douceur aux actes de violence dans les services d’urgences.

C’est un simple carré de 120 cm sur 120 cm, constitué de deux feuilles de kevlar®. Ce bouclier protège-soignants peut aider le personnel hospitalier à réagir en cas d’agressions violentes. « En cas d’attaque avec un couteau, des ciseaux ou un bistouri dérobé par exemple, les soignants peuvent ainsi se protéger d’une blessure. Equipées de ce bouclier, deux soignants peuvent maîtriser une personne violente », explique le Dr Dominique Grouille, un médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Limoges qui a suivi la mise au point de ce matériel original Sans équipement particulier en revanche, quatre aides-soignants au moins sont nécessaires.

Comment s’en servir ? En cas de menace, le soignant s’avance sur le patient violent en présentant le bouclier. Objectif : le neutraliser et l’immobiliser. Une fois entouré par les deux feuilles du bouclier, l’individu est couvert des épaules aux genoux. Il peut alors être transporté, grâce à un système de sangles à serrage rapide associées à des poignées de portage. Aux yeux du Dr Grouille, « cet outil est le seul qui réponde à ce besoin spécifique ». Et selon ce médecin urgentiste expérimenté, il « pourrait être utilisé par d’autres professions confrontées à la violence : pompiers, policiers, personnel des établissements pénitentiaires ».

Les limites. Un bouclier coûte … 1 500 euros. « De plus comme il répond à des situations d’urgence, les soignants devraient toujours l’avoir à portée de main », note le Dr Grouille. Ce qui est difficilement envisageable si l’hôpital ne dispose que d’un seul exemplaire. Et comme il vaut mieux se préparer à toutes les situations, il recommande également que toute acquisition de ce type de bouclier soit associée à une formation d’auto-défense.

La question n’est pas anecdotique. La violence en milieu hospitalier est en effet un problème d’intensité croissante. L’Observatoire national des Violences Hospitalières (ONVH), a constaté une hausse considérable des faits de violence au sein des services d’urgences. Entre 2006 et 2008, leur nombre est passé de 2 690 à 3 433.

Pour aller plus loin, consultez le <a href="https://destinationsante.com/IMG/pdf/100623-Bilan_National_ONVH_2008(1).pdf” target=”_blank”>Bilan national ONVH 2008.

  • Source : Interview du Dr Dominique Grouille, anesthésiste-réanimateur au CHU de Limoges, juin 2010 ; l’Observatoire national des Violences Hospitalières, 2008.

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