Prothèse de genou : faire reculer le risque infectieux
19 février 2010
« Lorsque nous réalisons une intervention, notre principale crainte est toujours l’infection », explique le Dr Michel Assor. Spécialisé dans la pose de prothèse de genou, ce chirurgien orthopédiste marseillais vient d’ouvrir une nouvelle voie, semble-t-il porteuse d’espoir, pour prévenir les infections post-opératoires.
Celle-ci vient de faire l’objet d’une publication dans le Canadian Journal of Surgery, à partir d’une série de 135 patients. Explications.
Vous avez dit arthroplastie ? « L’arthroplastie consiste à remplacer l’articulation du genou (entre le fémur et supérieure du tibia) par une prothèse constituée de métal et de polyéthylène », nous explique-t-il. Environ 60 000 interventions de ce type sont pratiquées chaque année en France.
Sur le plan technique, la prothèse peut être cimentée – au fémur et au tibia, mais le ciment est un barrage aux antibiotiques en cas d’infection- ou non. Dans ce dernier cas, poursuit le chirurgien, « la partie qui va s’ancrer (dans l’os receveur) est poreuse. Nous la remplissons de calcium de façon à ce qu’elle se fixe naturellement à l’os par la croissance osseuse. Mais quelle que soit la technique utilisée, de nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années, et notamment les techniques peu invasives épargnant le quadriceps, muscle principal du genou. Si bien que les patients retrouvent la marche normale dans les deux mois suivant l’intervention ».
La crainte de l’infection. Malgré ces améliorations, le risque infectieux persiste, même s’il a diminué. « Entre 2% et 7% des malades sont concernés, soit près de 3 000 par an en France », précise Michel Assor. « Il y a quelques années, avant que l’on administre systématiquement une antibiothérapie générale pendant l’intervention, un patient sur cinq était victime d’une infection ».
Au cours de son travail réalisé sur 135 genoux ayant reçu une prothèse non-cimentée, le chirurgien marseillais a testé une nouvelle approche. « La moitié de ces malades a bénéficié de la seule antibiothérapie générale. Du classique, donc. Pour les autres, nous avons ajouté un traitement anti-infectieux local, avec antibiotique à l’intérieur même de la prothèse. Dans les cinq années en moyenne qui ont suivi, nous n’avons constaté aucune infection chez les patients qui ont bénéficié de l’antibiothérapie locale, contre 4% dans l’autre groupe. Ce résultat ne signifie pas bien sûr que le risque infectieux est totalement écarté. Il existe toujours. Cette étude représente toutefois un espoir important pour les patients pour prévenir l’infection profonde ».
Sans oublier les comptes de l’assurance-maladie… La pose d’une prothèse de genou coûte environ 10 000 euros à cette dernière. Mais en cas d’infection, avec les hospitalisations prolongées et les ré-interventions, la facture peut être multipliée par dix…
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Source : Interview du Dr Michel Assor, 16 février 2010 - Canadian Journal of Surgery, Vol.53, n°1, février 2010