Qualité des soins: la France ne peut pas en faire l’économie…
25 mars 2004
“L’émergence des maladies chroniques (comme facteur de dépenses, n.d.l.r.) alors que nos médecins ont plutôt été formés à gérer des crises aiguës nécessite le développement d’outils nouveaux pour évaluer le service médical rendu.” Par les professionnels.
Utile précision, car cette déclaration d’Alain Coulomb, Directeur général de l’ANAES (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) aurait pu s’appliquer tout aussi bien au médicament. Lequel est plus habituellement associé à la notion de SMR que les prestataires de service en santé. Or ces derniers sont légion : médecins ou pharmaciens, autres professions médicales ou paramédicales… sans oublier les sociétés de location d’équipement et autres services de soins à domicile.
Tout cela coûte cher. Et bien que l’évaluation ne soit pas bien intégrée dans les schémas culturels français – nos amis anglo-saxons nous devancent sur ce plan – elle s’impose dans tous les domaines. Selon les participants à une table ronde organisée lors du dernier Medec, elle est même probablement la piste qui permettra de répondre au défi majeur d’un budget de santé appelé à croître plus rapidement que le PIB (Produit intérieur brut). Jean-François Mattei avait été l’un des premiers responsables politiques à identifier cette réalité voici 2 ans. Aujourd’hui tous les experts s’accordent sur ce point.
Or comme l’a souligné Alain Coulomb, ” nous ne disposons pas d’un instrument d’évaluation unique. Comme dans l’horticulture où une pelle sert à pelleter et une bêche à bêcher, il nous faut des instruments ciblés. ” Responsables de l’ANAES et professionnels sont engagés dans leur mise au point. ” Nous avons pour objectif de développer dès cette année des procédures utilisables en ville et à l’hôpital, de façon coordonnée et similaire “. L’évaluation grandeur nature va donc pouvoir commencer.
Plus d’une dizaine de disciplines seront concernées, les protagonistes reconnaissant eux-mêmes qu’ils sont ” condamnés à la réussite. Car les patients le demandent et, même si l’assurance qualité n’apporte pas une économie immédiate, il est avéré que la non qualité a un coût tel qu’il faut en sortir. ” Un raisonnement qui a le mérite du pragmatisme. Et qui bénéficie pour la première fois de l’adhésion des pouvoirs publics. Le Dr Jean-Michel Chabot, qui représentait là le cabinet de Jean-François Mattei, a en effet rappelé que le ministère a ” souvent indiqué ces 2 dernières années, qu’il voulait promouvoir la création d’un cercle vertueux où l’évaluation des pratiques, supportant leur amélioration, permettrait ensuite leur valorisation… “