Quand la discrimination fait avancer… le SIDA

15 janvier 2009

Un acte de discrimination de plus ! L’emprisonnement de 9 personnes à Dakar -dont le président de l’association AIDES Sénégal- « fait de l’ensemble des associations de lutte contre le SIDA, des associations de malfaiteurs », dénonce la Fédération AIDES à Paris. Et cette décision complique sérieusement la poursuite des politiques de lutte contre le VIH-SIDA.

Hier matin en Conseil des Ministres, Roselyne Bachelot-Narquin la ministre en charge de la Santé, a fait part de son indignation. Elle a par ailleurs demandé à son collègue des Affaires étrangères Bernard Kouchner « d’intervenir auprès des autorités sénégalaises afin d’obtenir la remise en liberté de ces personnes ».

Car cette décision de justice met une nouvelle fois en lumière les politiques discriminatoires dont sont victimes les homosexuels sur le continent africain. Elle est toutefois loin d’être isolée. Sur ce continent en effet, des lois considérant les relations homosexuelles comme un crime sont en vigueur dans 38 pays sur 53.

Quelques chiffres : au Cameroun, « toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe » encourt jusqu’à 5 ans de prison. Au Maroc, 3 ans. En Tunisie la sodomie est punie de trois ans d’emprisonnement. Au Liban, ces « relations contre nature » (sic) (au regard du Code pénal) exposent jusqu’à 1 an de prison mais 7 ans en Libye, et 14 ans aux Emirats-Arabes Unis.

Et qu’en est-il en France ? Il a fallu attendre le 4 août 1982 pour que, sur proposition du ministre de la Justice Robert Badinter, l’Assemblée nationale vote la dépénalisation de l’homosexualité. Laquelle a été considérée comme une maladie mentale par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) jusqu’en… 1991 !

Droits de l’Homme bafoués, santé publique meurtrie

A l’échelle mondiale et au-delà de leurs conséquences sur les Droits de l’Homme, les procès et arrestations (13 personnes arrêtés en juin dernier en Ouganda) pour homosexualité ont aussi un impact sanitaire. Comment concevoir la mise en place de politiques de santé publique (à l’image de la lutte contre le SIDA) efficaces dans des pays où les droits des individus sont réprimés ?

Comme le souligne la Fédération AIDES, « ces circonstances discriminantes poussent à la dissimulation de l’homosexualité ». Et par conséquent, à la propagation silencieuse de l’épidémie. Et l’association de montrer, études à l’appui, qu’en Afrique la prévalence de l’infection à VIH serait jusqu’à 5 fois plus élevée chez les hommes homosexuels…

C’est pourquoi l’ONU a successivement consacré deux journées mondiales du SIDA (en 2002 puis en 2003) aux thématiques du déni et de la discrimination. « Les stigmas et les discriminations qui accompagnent la pandémie du VIH/SIDA sont des obstacles majeurs à une prévention efficace », avait rappelé l’ONUSIDA. Cinq ans après, le message ne semble toujours pas avoir reçu l’écho qu’il méritait…

  • Source : AIDES, 14 janvier 2008 – Ministère de la Santé, 14 janvier 2009 – ONUSIDA, 20 novembre 2002 - Association « Helem » (www.helem.net/index.zn)

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