Quand le facteur vous livre votre Prozac !

06 novembre 2003

Aux Etats-Unis, le marketing pharmaceutique continue sa petite révolution. En Floride, une femme a ainsi reçu sans le demander, un colis contenant un antidépresseur mondialement connu, le Prozac. Avec en accompagnement une lettre édifiante…

« Nous sommes très heureux de vous offrir un moyen plus pratique de prendre votre antidépresseur. Si vous souhaitez essayer le traitement hebdomadaire Prozac, arrêtez votre antidépresseur pendant un jour, puis prenez l’hebdomadaire Prozac. » La fameuse lettre était signée par différents médecins du Holy Cross Medical Group de Fort Lauderdale, proche de son lieu de résidence. Elle s’est ensuite retrouvée entre les mains de représentants du laboratoire producteur -qui ont pu y glisser leur produit- puis envoyée par un grossiste.

Son avocat, on n’en sera pas surpris, a donc poursuivi les trois entreprises pour violation de l’intimité. Il les accuse notamment d’avoir partagé des informations concernant les dossiers médicaux de certains patients, en vue de se constituer une base de données. « Nous ne savons pas avec précision combien de lettres de ce type ont été envoyées, mais nous pensons que chiffre avoisine la centaine », a souligné l’avocat.

La plupart des autres destinataires étaient des patients du Holy Cross Medical Group de Fort Lauderdale. Tous ont convenu avoir pris plusieurs fois l’antidépresseur reçu par voie postale. Dans un rapport publié peu après les fameux envois, les laboratoires Eli Lilly, producteurs du Prozac, ont tenu à présenter leurs excuses. « Dans la mesure où du personnel de Lilly a pu participer à ce programme, nous faisons toutes nos excuses aux patients concernés. Nous menons une enquête interne et prendront les mesures appropriées ».

Quelques jours plus tard, ils ont purement et simplement licencié les trois représentants impliqués dans l’affaire. Lesquels ont précisé agir selon la politique du laboratoire. Il semble donc que l’affaire ne soit pas close.

  • Source : British Medical Journal, vol. 327

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