Quand les abeilles nous anesthésient…

22 novembre 2012

Une équipe internationale vient de découvrir un anesthésique naturel secrété par les abeilles lorsqu’elles… mordent. Oui, vous avez bien lu : les abeilles ne se contentent pas de piquer. Elles mordent aussi ! « A la fois efficace et peu toxique » selon les auteurs, la substance en question pourrait à l’avenir être utilisée pour produire un anesthésique local.

Cette découverte est née d’une étude réalisée conjointement par des chercheurs chypriotes, grecs et français du laboratoire Evolution, Génomes, et Spéciation du CNRS à Gif-sur-Yvette près de Paris. Pour la première fois, ils montrent que « la morsure des abeilles domestiques (Apis mellifera) contient un composé, la 2-heptanone (2-H), qui est un anesthésique naturel ».

Présente à l’état naturel dans certains aliments comme le pain blanc, le beurre ou la bière, la 2-H était déjà bien connue des scientifiques. Mais ses propriétés anesthésiques n’avaient encore jamais été mises en évidence. « Comme nous le montrons, les mandibules de l’abeille sont percées d’un canal qui conduit l’heptanone des glandes où elle est sécrétée, jusqu’à l’intérieur de la blessure infligée » par l’abeille, nous explique Gérard Arnold, directeur de recherche au CNRS.

Très peu toxique

L’abeille utilise cette stratégie contre les arthropodes de petite taille, désireux par exemple de s’introduire dans la ruche. Une fois mordu, l’indésirable est comme paralysé pendant quelques minutes. Cette technique serait particulièrement efficace contre certains prédateurs et parasites, trop petits pour être piqués et tués par le venin.

Les chercheurs ont ensuite comparé les propriétés anesthésiantes de la 2-H avec celles de la lidocaïne, « l’un des anesthésiques locaux les plus utilisés au monde ». Les études réalisées sur la larve de la fausse teigne et sur le rat ont montré que « leurs propriétés étaient très similaires. Et qu’elles agissaient de la même façon ». Cette découverte a fait l’objet d’un brevet, et pourrait déboucher sur la production d’un anesthésique local présentant une très faible toxicité. Aussi bien pour les hommes, que pour les animaux.

  • Source : CNRS, 13 novembre 2012 - interview de Gérard Arnold et de Alexandros Papachristoforou (CNRS), 19 novembre 2012 - PLoS ONE 7(10): e47432. doi:10.1371/journal.pone.0047432

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