Quand les antidépresseurs font saigner…

29 octobre 1999

Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, des antidépresseurs assez largement utilisés, augmenteraient le risque de saignements de l’appareil digestif. Une équipe espagnole dirigée par le Dr Francisco Jos de Abajo publie une étude selon laquelle ces antidépresseurs entraînent un risque de saignements identique à celui reconnu pour de faibles doses d’Ibuprofène. Ce médicament très répandu appartient à la classe des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), lesquels sont bien connus pour leur retentissement gastrique. Le travail des médecins madrilènes a porté sur plus de 1.650 patients victimes d’hémorragies digestives, comparés à 10.000 personnes constituant un groupe contrôle. La proportion des malades chez qui ces antidépresseurs ont provoqué des hémorragies est modeste: 1 cas sur 8.000 patients traités. Toutefois, leur association avec un AINS ou de l’aspirine est susceptible d’augmenter considérablement le risque hémorragique. Tous ces médicaments sont très utilisés dans la plupart des pays développés. Ils sont fréquemment associés, ce qui pourrait constituer un vrai problème de santé publique. Des études complémentaires seront nécessaires pour déterminer la part de responsabilité relative de chaque produit en cas d’hémorragies. Il est probable que la question sera suivie avec attention par les autorités françaises, car il est notoire que la consommation d’antidépresseurs atteint dans notre pays des niveaux record.

  • Source : BMJ, 21 octobre 1999

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