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La ciguatera est une intoxication alimentaire due à la consommation de poissons tropicaux contaminés par des toxines marines : les ciguatoxines. Devant le nombre croissant de cas aux Antilles françaises, l’Agence nationale de Sécurité sanitaire (Anses) a décidé d’alerter.
Car le piège avec les ciguatoxines, c’est qu’elles sont totalement indétectables : elles ne modifient ni l’aspect, ni l’odeur, ni le goût du poisson. Pire encore, elles résistent à la cuisson et à la congélation, rendant impossible leur élimination par les méthodes culinaires traditionnelles.
L’origine du problème se trouve dans les récifs coralliens, où prospèrent des algues microscopiques productrices de ces toxines. Les petits poissons herbivores les ingèrent, puis sont à leur tour dévorés par les prédateurs comme les mérous, carangues, barracudas ou murènes. À chaque étape de cette chaîne alimentaire, les toxines s’accumulent.
L’intoxication se manifeste rapidement, quelques minutes à quelques heures après le repas. Elle débute généralement par des troubles digestifs classiques : douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhées.
Mais c’est ensuite que la ciguatera révèle sa spécificité avec l’apparition de symptômes neurologiques particulièrement déstabilisants. Les victimes ressentent des fourmillements et des démangeaisons intenses au niveau des mains, des pieds et du visage. Plus troublant encore, elles développent une inversion de la sensation de température : le chaud leur paraît froid et le froid leur paraît chaud !
S’ajoutent souvent des douleurs musculaires, des sueurs abondantes, un ralentissement du rythme cardiaque et une chute de la tension artérielle.
Il n’existe pas d’antidote connue contre ciguatera. Le traitement est essentiellement symptomatique : antihistaminiques et anesthésiques locaux contre les démangeaisons. Les symptômes peuvent durer de quelques jours, à plusieurs semaines, parfois des mois.
Face à ce fléau, l’Anses a mené l’enquête. En analysant les cas d’intoxication survenus entre 2002 et 2021 en Guadeloupe et en Martinique, les experts ont établi une liste noire de 67 espèces de poissons à risque dans les eaux antillaises.
Les familles les plus dangereuses ? Les mérous, carangues, sérioles et vivaneaux figurent en tête de liste. Cette liste noire permet aux consommateurs de savoir quels poissons éviter.
La prévention reste l’arme la plus efficace contre la ciguatera. Avant tout achat, interrogez systématiquement votre poissonnier ou le pêcheur sur l’espèce proposée. En cas de doute, abstenez-vous : mieux vaut renoncer à un plat que risquer plusieurs jours de souffrance.
Si vous décidez malgré tout de consommer un poisson tropical, évitez les parties les plus toxiques : tête, viscères et abats qui concentrent davantage de ciguatoxines.
Si les symptômes apparaissent après un repas de poisson tropical, ne perdez pas de temps. Contactez immédiatement un Centre Antipoison ou consultez un médecin.
Source : Anses
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet