Réforme de l’assurance maladie : nos cousins canadiens en exemple…
17 mars 2004
La vidéo inaugurale du Médec 2004 est en ligne : cliquez ici
C’est par une minute de silence, signal fort de solidarité avec les victimes des attentats de Madrid adressé par la communauté des Soignants, que le Dr Claude Maffioli, président du 32ème Médec, a fait débuter ce dernier.
“Tous les pays sont confrontés aux problèmes économiques liés à leur système de santé“, a-t-il reconnu au moment de lancer les débats. Et tous ont tendance à chercher, chez leurs voisins, des réponses à leurs propres questions. C’est la raison pour laquelle les organisateurs de ce Médec ont fait du Canadien Jean Rochon l’invité d’honneur des 2èmes Assises de la Qualité en Santé.
Comme ministre de la santé et des Services sociaux du Québec, Jean Rochon a en effet piloté la réforme du système de santé de son pays entre 1994 et 1998. Son témoignage, qui a marqué l’ouverture des Assises de la qualité en Santé, a été suivi très attentivement.
Et notamment par son confrère le Pr Jean-François Mattei, ministre de la santé de la Famille et des personnes handicapées, qui vient d’engager la France sur la voie d’une réforme semblable. A travers les années et la distance, les propos des deux hommes en fait, se rejoignent sur de nombreux points. Notamment sur l’évidente nécessité de placer la qualité des soins au coeur de toute réforme du système de santé.
L’expérience canadienne confirme en effet que la réforme du système de santé est chose possible. ” Il n’existe toutefois pas de recette universelle, de sorte qu’il est essentiel de confronter nos expériences ” souligne Jean Rochon. Autre enseignement : une réforme demande du temps, beaucoup de temps même… Au Québec, une commission d’enquête avait été créée dès 1986 pour se pencher sur le sujet. Une commission présidée déjà, par le Dr Jean Rochon… Enfin et c’est semble-t-il une condition sine qua non de la réussite, toute réforme pour être viable doit recevoir l’adhésion de l’ensemble des acteurs. Et plus particulièrement bien sûr, de la population. Des patients donc.
La stratégie canadienne a été élaborée autour de plusieurs principes majeurs. ” En premier lieu, cibler l’impact des compressions budgétaires, pour éviter d’ébranler l’ensemble du système ” explique Jean Rochon. Puis développer des services ambulatoires (pour compenser les coupes effectuées par ailleurs dans des services lourds), améliorer la continuité et la complémentarité des services existants grâce au regroupement des établissements, assurer la fourniture de médicaments à l’ensemble de la population… Car au Québec à ce moment-là, pratiquement 15% de la population n’avait pas accès au remboursement des médicaments ! Le cinquième élément reposait sur le renforcement des actions de santé publique. L’objectif, intervenir en amont des problèmes grâce à une meilleure prévision, au lieu de réagir. Enfin, le sixième élément de notre politique a été de développer la recherche fondamentale, clinique et épidémiologique “.Communiquer avec les professionnels… et la population
Un discours qui, en France, n’est pas sans rappeler quelques réminiscences… Avec le recul pourtant, Jean Rochon tire également des enseignements de cette expérience exigeante. ” Il est important d’investir sur les ressources humaines, et notamment dans la formation du personnel. La qualité et l’efficacité des soins dépendent en grande partie de la compétence des professionnels de santé “. Quant à la population, elle doit être rassurée. ” Il faut donc lui expliquer clairement le déroulement de la réforme “. Communiquer donc, encore et toujours…
De son côté le Pr Jean-François Mattei, qui a reconnu qu’il aurait pu ” à peu de choses près tenir le même discours ” a insisté sur la place prépondérante de la qualité dans le système de soins. Une qualité dont l’importance a toujours été reconnue certes, mais qui jusqu’à présent était davantage tenue pour implicite. C’est-à-dire comme allant de soi. Jean-François Mattei sur ce point, n’a pas mâché ses mots. ” Auparavant, le discours des patients était ‘docteur, faites pour le mieux’. Aujourd’hui, ils demandent qu’on leur explique les choses. Ils veulent tout comprendre ”
Ainsi le patient s’est-il trouvé reconnu dans sa légitime exigence… Les esprits chagrins auront regretté l’absence de tout représentant de la communauté des ” soignés ” à l’ouverture de ces deuxièmes assises de la qualité en santé. Les esprits positifs feront valoir que jamais une manifestation médicale n’avait accueilli en tel nombre les patients, ou les associations de patients, que le Médec de cette année. Il recevra en effet le 1er Colloque national des associations de malades. Sans oublier qu’une vingtaine d’entre elles peuvent développer leurs activités et leurs services sur le stand de Destination Santé…