Refus de soins : 22% des femmes bénéficiaires de la CMU ou de l’AME concernées
25 juin 2019
NeydtStock/shutterstock.com
Près d’un tiers des femmes bénéficiaires de la CMU ou de l’AME ont déjà été victimes d’au moins un refus de soins. Une étude menée en Île de France révèle ainsi le comportement illégal d’une partie des professionnels de santé.
L’accès aux soins est un droit pour tous selon la loi française. Pourtant, depuis 2002, plusieurs études dénoncent le refus de soins touchant des bénéficiaires de la Couverture maladie universelle (CMU) ou de l’Aide médicale d’État (AME). Dans la dernière livraison du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), un nouveau travail révèle l’importance de ce refus de soins auprès des femmes sans domicile.
L’enquête Enfants et familles sans logement (ENFAMS), réalisée en 2013 par l’Observatoire du Samu social de Paris, a été menée auprès d’un échantillon de 801 familles sans domicile hébergées en Île-de-France. Résultat, la prévalence déclarée des refus de soins à cause de la CMU ou de l’AME parmi les 561 femmes de l’échantillon s’établissait à 22,1%.
Des refus de soins « déguisés »
Ce constat est d’autant plus effarant que « les résultats retrouvés dans notre étude pourraient avoir été sous-estimés », soulignent les auteurs. En effet, certains refus de soins peuvent être « déguisés » et par conséquent, non perçus comme tels par les patientes. Ainsi, certains praticiens peuvent appliquer « de longs délais de rendez-vous ne s’appliquant pas aux autres patients, une orientation non justifiée vers un confrère ou encore refuser d’appliquer le tiers-payant ».
Certains facteurs sont associés à une fréquence plus élevée du refus de soins. Il s’agit notamment « d’être née à l’étranger et d’avoir un mauvais état de santé perçu ». Cette première étude confirme « des pratiques délétères et contraires à la loi qui sont autant de barrières à l’accès aux soins de ce public pourtant parmi les plus vulnérables et les plus démunis », soulignent les auteurs.