Résister à la tentation, c’est une question d’imagination
23 octobre 2013
© Phovoir
« La meilleure façon de résister à la tentation, c’est d’y céder » disait Oscar Wilde. Ça c’est pour la littérature. Du côté scientifique, on préfère s’interroger sur le processus qui mène à craquer. C’est le cas des chercheurs de l’INSERM qui ont tenté percer le mystère. Tout serait en fait une question de mémoire et d’imagination.
Les scientifiques de l’Unité INSERM 975 « Centre de recherche en neurosciences de la Pitié-Salpêtrière » à Paris se sont ainsi interrogés : « comment certaines personnes peuvent-elles résister à l’attrait des plaisirs immédiats et poursuivre des objectifs à long terme ? Et pourquoi d’autres cèdent facilement et compromettent leurs attentes fondamentales ? »
Cette question avait en fait déjà été étudiée au moyen d’IRM cérébrales. Des volontaires devaient choisir un gain financier : soit 10 € tout de suite, soit 11 € le lendemain. Les scientifiques d’alors avaient découvert que la région dorso-latérale du cortex préfrontal, qui joue un rôle dans la maîtrise du comportement, était essentielle pour faire des choix « patients ». C’est-à-dire le fait de prendre son temps pour obtenir un gain plus élevé mais différé.
Cependant pour Mathias Pessiglione, chargé de recherche à l’INSERM et responsable de cette nouvelle étude, ces conclusions ne sont pas suffisantes. Selon lui, ces tests « omettent une caractéristique essentielle. Nous pouvons percevoir les récompenses immédiates par nos sens, alors que les récompenses futures ne sont représentées que dans notre imaginaire. »
De la bière ou du champagne ?
Les chercheurs de l’INSERM ont utilisé des récompenses plus naturelles telles que les aliments. Question posée : boire une bière tout de suite ou une bouteille de champagne dans une semaine ? Les récompenses immédiates étaient présentées sous forme de photographies et les récompenses futures sous forme de textes. Dans ce cas spécifique, “la capacité à sélectionner les récompenses à venir était corrélée au degré d’activité de l’hippocampe”. En clair, plus ce dernier était actif, plus la capacité à se projeter dans le futur était développée.
Pour achever la démonstration, le même test de choix a été réalisé auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer qui entraîne des lésions de l’hippocampe. Ces derniers se sont davantage orientés vers les récompenses immédiates car les bénéfices futurs leur demandaient un trop gros effort d’imagination.
« Ceci est dû au fait que l’hippocampe est nécessaire pour imaginer les situations futures avec une richesse de détails qui les rendent suffisamment attrayantes » explique le Dr Pessiglione. Par conséquent, les patients présentant des lésions souffrent non seulement de déficits de mémoire, mais également d’une difficulté à imaginer des objectifs sur le long terme.
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet