Sang placentaire, pourquoi freiner les dons ?

10 septembre 2014

Depuis trois ans, les besoins en sang de cordon, n’augmentent plus en France. Raison pour laquelle l’Agence de la Biomédecine a décidé de restreindre les prélèvements. En 2015, seules 3 des 11 banques de sang placentaire devraient continuer le stockage de nouveaux greffons. 

Prélevées sur le cordon ombilical des nourrissons, les cellules souches hématopoïétiques servent aux patients atteints de maladies graves du sang. Utilisées contre un lymphome ou une leucémie aigüe, les transfusions de sang de cordon et de cellules souches représentent en effet un sérieux espoir de traitement. A tel point que « depuis la première greffe de moelle osseuse, réalisée en 1988 par le Pr Eliane Glukman, le stock d’échantillons placentaires n’a cessé de s’enrichir », raconte le Pr Gilbert Semana, directeur de l’Etablissement français du sang (EFS).

Toute une histoire 

En 1999, date de création du Réseau français de sang placentaire (RFSP), « l’objectif – ambitieux pour l’époque – était de recueillir 5 000 greffons chaque année, pour passer à 10 000 échantillons en 2007, et trois fois plus en 2009 ». Une progression telle que le seuil prévu des 30 000 unités de sang a été atteint fin 2013. « Et comme nous l’espérions, 50% des patients ayant reçu une greffe placentaire ont effectivement pu bénéficier du sang de cordon provenant du RFSP », confirme le Pr Gilbert Semana. « L’autre moitié provenant, pour la majorité de banques internationales ».

Ralentir le rythme

La décision a donc été prise de ralentir le rythme de prélèvements. Les enjeux de cette mesure nationale ne sont autres que :

  • Limiter le nombre de greffons stockés dans les banques à ceux présentant la plus grande richesse cellulaire et ceux qui ont la plus forte probabilité de trouver donneur. Avec ces nouveaux critères de sélection, seuls 1 000 greffons sont en effet stockés sur 7 000 cordons prélevés. 
  • Limiter les dépenses. Au total, 35 millions d’euros ont été investi sur 5 ans pour accroître le stock à 30 000 unités. « Si la sensibilisation doit perdurer auprès des donneurs de moelle osseuse pour répondre aux besoins en cellules souches, le budget alloué à la greffe doit tout de même être maîtrisé ». 

Seuls les trois centres historiques (Besançon, Bordeaux, et Paris), spécialisés dans la conservation de sang placentaire, devraient donc continuer les prélèvements. Les huit autres banques ne fermeront pas, « mais leur activité se limitera à la gestion de greffons déjà stockés », souligne le Dr Catherine Faucher, responsable du pôle Stratégie Greffe thérapie/cellulaire, à l’Agence de la biomédecine. « A l’évidence aucune cellule souche ne sera détruite. La priorité reste de satisfaire les besoins des patients ».

Démarches anticipées

Par ailleurs, 20 à 30 des 75 maternités françaises partenaires du don de sang de cordon devront mettre fin à leur activité. A ce jour, la liste des établissements concernés n’est pas connue. Mais d’ores-et-déjà, l’Agence de la Biomédecine a pris les devants. A titre d’exemple, depuis début juillet 2014, le Centre hospitalier privé de Saint Grégoire(Ille-et-Vilaine) ne propose plus le don de sang placentaire aux jeunes mamans. « En moyenne, 50 prélèvements étaient effectués chaque mois », souligne Nicolas Bioulou, directeur de l’établissement. « On ne s’y attendait pas, mais il nous faut maintenant informer les futures mamans que le don n’est à ce jour plus nécessaire ».

« Pour les équipes impliquées, cesser un geste aussi altruiste n’est pas chose simple », reconnaît le Pr Gilbert Semana. Lequel souhaite rappeler que le choix des cliniques se fait en fonction de critères bien précis : la qualité des échantillons, mais aussi la proximité de l’établissement avec la banque de référence. « Les équipes disposent en effet d’un délai maximal de 24 heures après le prélèvement pour traiter les greffons placentaires ».

  • Source : Interview du Dr Catherine Faucher, responsable du pôle Stratégie Greffe thérapie/cellulaire à l’Agence de biomédecine. Interview du Pr Gilbert Semana, directeur de l’Etablissement Français du Sang.

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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