Santé des migrants et des réfugiés : risque infectieux en première ligne
21 janvier 2019
Nicolas Economou/Shutterstock.com
Le bureau régional Europe pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie ce lundi son premier rapport sur la santé de migrants et des réfugiés qui se trouvent sur son territoire. Un document qui commence par un chiffre-choc : depuis le début de ce siècle, 50 000 personnes ont perdu la vie dans la mer Méditerranée ! Soit environ 2 800 par an…
Définitions. Souvent utilisés de façon indifférente, les termes « réfugié » et « migrant » revêtent des distinctions spécifiques. Pour rappel, les réfugiés se trouvent hors de leur pays d’origine en raison d’une crainte de persécution, de conflit, de violence ou d’autres circonstances qui ont gravement bouleversé l’ordre public et qui, en conséquence, exigent une « protection internationale ».
En revanche, il n’existe pas de définition juridiquement reconnue du terme « migrant ». Les Nations-Unies désignent ainsi « toute personne qui a résidé dans un pays étranger pendant plus d’une année, quelles que soient les causes, volontaires ou involontaires, du mouvement, et quels que soient les moyens, réguliers ou irréguliers, utilisés pour migrer ».
Infections, dépressions… Sur le plan de la santé, les auteurs mettent surtout en avant le risque infectieux. Qu’il soit viral, bactérien ou lié à un parasite. Celui-ci est bien sûr fonction de l’état sanitaire et du système de soins du pays d’origine du migrant ou du réfugié et des conditions de traversée. « Il est nécessaire pour eux de recevoir une protection contre des maladies telles que la tuberculose, le VIH-Sida ou les hépatites », insistent les auteurs. Sans surprise, ils montrent également une prévalence de cas stress post-traumatique et de dépression parmi les réfugiés et demandeurs d’asile « plus importante que parmi la population de leur pays d’accueil ».
Collecter des données. Les auteurs de ce rapport alertent également les pays-hôtes sur l’importance de « stratégies sanitaires et sociales ciblées » à destination de ces populations. Ils préconisent aussi des opérations de dépistages de différentes maladies, aux frontières. » Et encore de veiller à collecter les données concernant la santé de ces populations, condition sine qua none pour améliorer la prise en charge.
A noter : « Les citoyens européens estiment généralement le nombre de migrants et de réfugiés entre trois à quatre fois plus important qu’il ne l’est vraiment », soulignent les auteurs. La proportion par rapport à la population globale est en effet restée « relativement stable depuis plusieurs décennies : 3,3% en 2017 contre 2,8% en 1990. » Autre idée reçue : à l’échelle mondiale, 85% des réfugiés sont accueillis non pas par des pays développés mais par des pays en développement.
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Source : OMS Europe, Report on the health of refugees and migrants in the WHO European Region, 21 janvier 2019
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Vincent Roche