Santé et bien-être : le pouvoir de la poésie

13 avril 2022

Comme « la poésie d’un peuple est l'élément de son progrès », à en croire Victor Hugo dans Les Misérables, rimes, quatrains et autres allitérations constituent-ils aussi un réservoir de santé et de bien-être ? La réponse prend la forme d’un grand oui. C’est même la science que le dit !

La poésie jouit bien d’un « pouvoir émotionnel » ! L’expression est extraite d’une étude allemande, publiée en 2017 et réalisée auprès de 27 participants, sur fond de « psychophysiologie, de neuroimagerie et de réponses comportementales ». A l’instar de la musique, les auteurs montrent que « la poésie est capable d’induire des expériences émotionnelles » spécifiques comme les… frissons ! Au-delà, les scientifiques ajoutent qu’elle représente « un puissant stimulus émotionnel capable d’engager les zones cérébrales de la récompense ».

Contre la solitude

David Haosen Xiang et Alisha Moon Yi, deux chercheurs américains de la Harvard Medical School de Boston (Massachussetts), se sont également intéressées au rôle de la poésie durant la pandémie, en particulier pendant les confinements. Ils mettent en avant trois aspects de la poésie – la lecture, l’écriture et le partage – comme autant de remèdes contre le sentiment de solitude. Lequel affecte « environ un tiers des personnes dans la plupart des pays industrialisés ». Sans compter qu’il « est associé à une augmentation de 26% du risque de mortalité prématurée », avec un « impact négatif sur les systèmes cardiovasculaire, immunitaire et nerveux ».

Pour eux, la poésie constitue un puissant vecteur de relations sociales. Lire un poème « créée une connexion » et « peut aider ceux qui souffrent de solitude », soulignent les auteurs, s’adressant notamment aux proches de patients comme aux professionnels de santé. Ils encouragent chacun à prendre la plume : « même lorsque la poésie est pratiquée de manière isolée, elle peut accroître la conscience de soi et le niveau de relations interpersonnelles, encourager le fait d’exprimer ses propres idées et ses émotions ». Et encore, « augmenter sa capacité de plonger dans ses souvenirs ». De préférence, les bons… Les auteurs résument leur pensée : « Le simple fait de lire un poème une fois par semaine, d’en partager un avec un ami ou de passer cinq à dix minutes à écrire librement sur un souvenir préféré, une idée, une inquiétude ou un espoir, peut constituer une première étape pour profiter des avantages de poésie ».

Stress, douleur…

Au-delà, plusieurs études scientifiques ont également démontré les bienfaits de la poésie, pour la santé. Notamment en termes de gestion de la douleur, de stress et encore « d’amélioration du bien-être personnel ». Enfin, dans un travail publié en 2018, le Dr Elizabeth Davis du King’s college de Londres, enjoint également les professionnels de santé exerçant dans les soins palliatifs de faire entrer la poésie dans leurs services. Bref, la poésie, c’est sans modération aucune.

  • Source : J Med Humanit. 2020; 41(4): 603–608. - BMJ Support Palliat Care. 2018 Sep; 8(3): 266–270. - Soc Cogn Affect Neurosci. 2017 Aug; 12(8): 1229–1240. - Lepore SJ, Smyth JM. The Writing Cure: How Expressive Writing Promotes Health and Emotional Well-being. Washington: American Psychological Association; 2002..

  • Ecrit par : David Picot – Validé par : Emmanuel Ducreuzet

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