Sécu : devons-nous privilégier la morale ou l’efficacité ?

27 mai 2003

« Cesser de prendre en charge des médicaments au service médical rendu insuffisant, il faut le faire. Cela fait partie de l’hygiène du système mais cela ne réglera rien. Nous devons travailler là où sont les vrais enjeux économiques de la santé. »

Directeur général de Santéclair, une « plate-forme de services » pour 5 millions de clients de complémentaires santé, Marianne Binst estime ainsi que demain, l’économie du système de soins reposera sur une gestion assainie « de l’hôpital, des rapports ville-hôpital notamment. On applaudit quand les dépenses d’hospitalisation augmentent de ‘seulement’ 4% sur un an, alors qu’en fait elles devraient baisser de 15% sur la même période, a-t-elle récemment déclaré lors des Auditions de la Santé organisées au Sénat…

Un discours iconoclaste qu’il était urgent de tenir dans un tel lieu. Les nouvelles techniques favorisent la chirurgie ambulatoire, mais les temps d’hospitalisation ne diminuent pas autant en France qu’au Canada… Les nouveaux médicaments réduisent l’incidence des accidents cardio-vasculaires, mais les services d’urgence sont toujours surchargés d’urgences… qui n’en sont pas toutes.

Si nous utilisions pleinement ces possibilités nouvelles, souligne Marianne Binst, « nous pourrions travailler en médecine de ville pour développer des alternatives à l’hospitalisation plus efficaces, mieux adaptées aux attentes du public et génératrices d’économies. » Au lieu de cela, la refonte du tissu hospitalier se heurte à des féodalités locales et des intérêts parfois éloignés du sens commun.

« Pour restructurer la cancérologie en France, publions le taux de survie en fonction de la taille des tumeurs (au diagnostic). Le travail sera fait en 3 ans, grâce à l’effet exercé sur l’information du consommateur et donc ses comportements. » Gestionnaire de soins, Marianne Binst a aussi géré des ressources humaines. C’est peut-être pour cela qu’elle refuse « l’approche de ces technocrates qui se considèrent seuls capables de définir une politique de soins à la place du consommateur, à plus forte raison quand il est pauvre et dépendant de la CMU. Il n’y a aucune raison qu’un pauvre soit moins capable qu’un autre de se comporter en consommateur ! » Et oui…

  • Source : Troisièmes « Auditions de la Santé, Sénat, avril 2003

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